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Découverte au Maroc des restes d'Homo Sapiens les plus vieux jamais trouvés dans le monde

le Quotidien du Peuple en ligne | 09.06.2017 08h21
Découverte au Maroc des restes d'Homo Sapiens les plus vieux jamais trouvés dans le monde
Une mandibule presque complète retrouvée à Jebel Irhoud. (Jean-Jacques Hublin/Institut Max Planck pour l'anthropologie évolutive de Leipzig)

Selon des documents publiés mercredi dans le journal Nature par une équipe internationale d'anthropologues, de paléontologues et de scientifiques de l'évolution, les os retrouvés dans une caverne au Maroc ajoutent 100 000 ans à l'histoire des fossiles humains modernes. Ces os proviennent d'êtres humains « précoces anatomiquement modernes » - notre propre espèce, Homo sapiens, avec un mélange de traits modernes et primitifs. Malgré leurs traits primitifs, ces humains anciens pourraient se fondre sans problème dans une foule moderne, a déclaré mardi l'auteur de l'étude Jean-Jacques Hublin, de l'Institut Max Planck pour l'anthropologie évolutive de Leipzig, en Allemagne, lors d'une séance d'information, en particulier, a-t-il ajouté, si des chapeaux couvraient leurs têtes, quelque peu étranges il est vrai.

Les os les plus anciens d'Homo Sapiens jamais trouvé jusqu'ici datent d'environ 200 000 ans, mais les nouvelles analyses montre que ces os sont étonnamment vieux : de 300 000 à 350 000 ans. Des ouvriers avaient découvert le site osseux dans les années 1960. Les mineurs de barite qui creusaient une colline dans l'Ouest du Maroc avaient atteint une poche de sédiments rouges comportant des outils de pierre anciens, des membres et un crâne humain, que les ouvriers avaient donné au médecin de la carrière, qui remit le crâne aux scientifiques. C'était un os qui suscita la perplexité. Au début, le crâne fut lié aux Néandertaliens, une espèce qui a été trouvée en Europe mais pas en Afrique. Les découvertes de fossiles humains en Éthiopie, au Kenya et en Tanzanie éclipsèrent bientôt les os de la colline marocaine. Compliquant encore les choses, les mineurs n'avaient pris que peu de détails du site où ils ont trouvé les os. Mais la colline, nommée Jebel Irhoud, n'était pas oubliée. Jean-Jacques Hublin a exploré le site plusieurs fois dans les années 1980 et 1990, bien qu'il ait eu peu de chance.

En 2004, une grotte de Jebel Irhoud a donné une dent. Et un an plus tard, une seconde dent. Et puis, enfin, un autre crâne. Les fossiles de Jebel Irhoud sont environ 100 000 ans plus anciens que les os humains modernes précédemment décrits. À la fin des années 1960, Richard Leakey et ses autres paléoanthropologues avaient trouvé des fossiles d'Homo sapiens issus de la Formation Kibish en Éthiopie, datant de 130 000 ans. En 2003, à Herto, en Ethiopie, les anthropologues avaient déclaré avoir trouvé des Homo sapiens plus âgés, environ 160 000 ans. Deux ans plus tard, une réanalyse des spécimens de Kibish avait ajouté 35 000 ans, poussant les preuves fossiles de l'Homo sapiens à un peu moins de 200 000 ans. Sur la base des os éthiopiens, certains experts ont suggéré que les ancêtres des humains se sont transformés en notre espèce il y a 200 000 ans. Mais les nouveaux fossiles trouvés au Maroc changent cette fenêtre dans le temps, d'une moitié à nouveau encore, allant jusqu'à 300 000 ans.

« Je pense qu'il est formidable que, finalement, nous ayons une date pour Jebel Irhoud », a déclaré Frank Brown, un géologue de l'Université de l'Utah et auteur de la réanalyse de Kibish qui n'était pas impliqué dans la nouvelle recherche. « Ce ne sont pas des Homo neanderthalensis. Ce ne sont pas des Homo erectus. Ils ne sont personne d'autre ». Deux techniques permettent de dater ces humains à environ 300 000 ans. La datation par spin de résonance d'électrons peut estimer combien de temps l'émail a été bombardé par des rayonnements provenant des sédiments. Avec cette méthode, les scientifiques ont déterminé qu'une dent de Jebel Irhoud avait ainsi 286 000 ans (à plus ou moins 30 000 ans). Cette nouvelle recherche donne une perspective panafricaine à l'humanité moderne précoce. « Nous avons tendance à nous concentrer sur les régions du monde où nous avons beaucoup de fossiles, en Afrique de l'Est et en Afrique du Sud. Beaucoup moins de travail a été fait en Afrique du Nord », a déclaré Richard Potts, un paléo-anthropologue qui dirige le Programme des origines humaines à la Smithsonian Institution. « Nous avons aujourd'hui une image plus large du processus d'origine de notre espèce ». 

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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