Vous ne le saviez peut-être pas, mais vous avez probablement un peu de Neandertal en vous. S'agissant des habitants du monde entier, à l'exception de ceux de l'Afrique subsaharienne, environ 1 à 3% de leur ADN provient des Néandertaliens, nos proches cousins qui ont disparu il y a environ 39 000 ans. Le fait a été confirmé lundi par des scientifiques qui ont annoncé lundi qu'une mâchoire d'un homme qui a vécu il y a environ 40 000 ans, découverte en Roumanie en 2002, possède la plus forte ascendance Neandertal jamais vue chez un membre de notre espèce.
Les conclusions indiquent également que le croisement avec les Néandertaliens a eu lieu beaucoup plus récemment qu'on ne le pensait précédemment. « Nous montrons que l'un des tout premiers humains modernes connu d'Europe avait un ancêtre Neandertal seulement quatre à six générations avant dans son arbre généalogique », a déclaré le généticien Svante Pääbo de l'Institut d'anthropologie évolutive Max Planck, en Allemagne. « Il porte de l'ADN de Neandertal plus que tout autre homme moderne d'aujourd'hui ou ancien vu à ce jour ».
Selon David Reich, généticien à l'Harvard Medical School, de 6 à 9% du génome de cet individu est issu d'un ancêtre de Neandertal. L'étude, publiée dans la revue Nature, indique que notre espèce s'est également croisée avec les Néandertaliens en Europe, et pas seulement au Moyen-Orient comme on le pensait auparavant, a dit M. Pääbo. Des recherches antérieures laissaient entendre que ce métissage est survenu il y a 50 000 à 60 000 ans, avant que notre espèce, venue d'Afrique, ne se diffuse vers l'Europe, l'Asie et au-delà.
« Les humains modernes sont arrivés en Europe il y a 43 000 ans, et les Néandertaliens se sont éteints il y a 39 000 ans », a précisé M. Reich. D'après les scientifiques, un homme de Neandertal figurait parmi les ancêtres de l'individu découvert aussi récemment que peut-être 100 à 150 ans plus tôt. L'analyse génétique a montré que l'individu, un chasseur-cueilleur, était issu d'une « population de pionniers » qui est arrivée en Europe, mais n'a, sur le plan génétique, pas beaucoup contribué, voire pas du tout, aux Européens plus tardifs. « C'est intéressant parce que cela signifie que l'Europe n'a pas été occupée de façon continue par les mêmes lignées depuis les premières vagues de migration des hommes modernes en Europe », a déclaré M. Reich.