Les Sud-Coréennes victimes d'esclavage sexuel de la part des troupes japonaises lors de la Seconde Guerre mondiale entendent demander réparation en poursuivant le Premier ministre nippon Shinzo Abe devant la justice américaine.
Les victimes, aujourd'hui octogénaires ou nonagénaires, ont détaillé leur plan d'action mardi lors d'une conférence de presse tenue à la Maison du partage à Gwangju dans la province de Gyeonggi (sud-ouest), selon les médias locaux. Cette maison est un refuge pour celles qui ont été transformées en esclaves sexuels dans des maisons closes pour soldats japonais durant la Seconde Guerre mondiale.
Dix d'entre elles, victimes il y a plus de 70 ans de viols commis par des soldats de l'Armée impériale japonaise, et les familles de deux victimes, ont annoncé leur intention de demander réparation le mois prochain à M. Abe, l'empereur du Japon et des sociétés accusées de crimes de guerre telles que Mitsubishi Heavy Industries ou encore le quotidien Sankeï Shimbun qui les a considérées comme des prostituées.
Un recours collectif sera déposé devant la Cour de district de San Francisco, réclamant 20 millions de dollars de dommages et intérêts.
Selon l'agence sud-coréenne Yonhap, Kim Hyung-jin, l'avocat qui les défendra devant la justice américaine, a souligné que cet argent n'aura de toute façon que peu de signification tant que le Japon ne formulera pas des excuses sincères, ce qui est la première priorité des victimes.
Les préparatifs de ce recours collectif se sont quasiment achevés voici deux mois, mais les victimes attendent encore une réponse sincère du gouvernement japonais. Cette plainte pourra en effet être abandonnée si le gouvernement Abe présente de réelles excuses et cherche activement à résoudre le problème. Toutefois, en raison de l'âge avancé des plaignantes, Tokyo doit donner une réponse à cet appel d'ici juillet, a précisé M. Kim.
D'après les historiens, au moins 200.000 femmes, essentiellement coréennes, ont été forcées ou attirées frauduleusement dans des maisons de passe pour soldats japonais lors de la Seconde Guerre mondiale. Sur les 238 Sud-coréennes qui se sont identifiées comme anciennes esclaves sexuelles, 50 seulement sont encore en vie à ce jour. Le temps presse car pas moins de cinq victimes sont mortes depuis le début de l'année
La présidente sud-coréenne Park Geun-hye a de son côté participé à la réception donnée par l'ambassade du Japon à Séoul à l'occasion du 50e anniversaire de la normalisation des relations diplomatiques bilatérales.
Mme Park a déclaré lors de cette réception que les deux pays devraient ouvrir un nouveau chapitre de leur avenir, tout en soulignant l'importance de panser les plaies infligées par le Japon militariste lors de sa domination coloniale de la péninsule coréenne.