Un calme précaire régnait vendredi matin à Bangui où au moins cinq personnes, dont un casque bleu pakistanais, ont été tuées dans des affrontements opposant depuis mardi les communautés musulmanes et chrétiennes, soutenues respectivement par les ex-rebelles de la Séléka et les miliciens anti-Balakas, selon un bilan provisoire obtenu par Xinhua aurpès de source de la présidence centrafricaine.
"Il y a un calme précaire ce matin, mais la circulation reste obstruée dans certains quartiers où des barricades sont toujours érigées", a rapporté Anicet Guiyama-Massogo, ministre conseiller chargé du dialogue politique et social au sein du cabinet de la présidente de transition Catherine Samba-Panza, au lendemain de la mort d'un soldat de l'ONU.
Ce décès fait suite à une embuscade jeudi soir "contre les soldats du maintien de la paix de la MINUSCA (Mission intégrée multidimensionnelle des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine, NDLR) aux abords de Bangui", un acte condamné "dans les termes les plus forts" par le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en République centrafricaine (RCA) et chef de cette mission, le général Babacar Guèye, dans un communiqué de presse.
Selon le texte, "un blessé grave et sept blessés légers" ont été aussi enregistrés au cours de cette attaque dont l'origine et les auteurs ne sont cependant pas précisés, tout comme la nationalité du Casque bleu tué, que Xinua a pu obtenir par d' autres sources.
Autorisée par une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies en vue d'aider à restaurer la paix et la sécurité en RCA, la MINUSCA a pris le relais, le 15 septembre à Bangui, de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine(MISCA) déployée depuis le 19 décembre 2013 sous mandat de l'Union africaine (UA).
Elle a tenté de mettre un terme à une nouvelle flambée de violences à Bangui, à travers une intervention qualifiée de tardive par des sources proches du pouvoir faisant état de "pas moins de cinq à six morts dans les deux camps", dans des affrontements opposant depuis mardi soir communautés musulmanes et chrétiennes rejointes par les ex-rebelles de la Séléka et les miliciens anti-Balakas.
A l'origine de ces incidents, un membre de la communauté musulmane avait lancé des bombes au cours de cette soirée-là sur une foule à Gobongo, quartier populaire de la capitale centrafricaine, causant "plusieurs morts et blessés", annoncent dans un bilan provisoire non précis des sources officielles.
Les habitants du quartier, pour la plupart chrétiens, avaient réagi en brûlant vif l'infortuné avant de traîner son corps à PK5, une autre agglomération qui passe en ce moment pour le principal foyer de tension à Bangui et qui abrite une forte composante musulmane,laquelle avait décidé à son tour de venger son membre.
Les échauffourées qui se sont ensuivies, marquées par des destructions de maisons, ont été amplifiées par la participation par les armes, des ex-rebelles de la Séléka et leurs adversaires anti-Balakas, principaux protagonistes de la crise politico- militaire qui déchire la RCA depuis bientôt deux ans et signataires d'un accord de cessez-le-feu le 23 juillet à Brazzaville (Congo) sans cesse violé.
Au même moment, une manifestation de partis politiques a été organisée dans les rues de la capitale jeudi pour réclamer le départ de la présidente de transition, accusée de détournement d' argent. Dans un article paru dans le magazine Jeune Afrique, le pouvoir de Catherine Samba-Panza est indexé pour un manque de transparence dans l'utilisation d'une aide financière reçue des autorités angolaises.
Les explications données mardi aux membres du Conseil national de transition (CNT, Parlement provisoire) au siège de l'Assemble nationale à Bangui lors d'une séance de restitution des discussions politiques tenues en juillet à Brazzaville et une déclaration à la presse du Premier ministre Mahamat Kamoun, chargé de la transaction, n'ont pas suffi à calmer la tension.
Autour du chef du gouvernement d'union nationale nommé en août sur fond de contestation d'une partie de la classe politique puis des ex-Séléka et des anti-Balakas, une cellule de crise s'est constituée pour la gestion du dossier. Un droit de réponse a été adressé à la rédaction de Jeune Afrique à Paris, à en croire le ministre conseiller à la présidence Anicet Guiyama-Massogo.
D'autres violences avaient déjà secoué la RCA, à cause de 33 attaques contre des civils dont certains résidant dans des camps de déplacés internes et aussi contre des maisons, des véhicules et infrastructures sociales telles que des hôpitaux recensées par la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge dans diverses localités.
Par exemple, 14 personnes sont mortes et 13 autres blessées ainsi que des maisons incendiées dans une attaque d'un groupe de miliciens contre des forces de sécurité, des camps de déplacés, des locaux d'organisations humanitaires et un hôpital le 1er octobre à Bambari(centre), selon cette institution dans un rapport reçu par Xinhua.
Le lendemain, Boguila, une localité de Paoua (Ouest), avait vécu des événements similaires, des incidents à l'origine de l' augmentation croissante du nombre de déplacés internes estimés à 487.579 au 3 octobre par le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).
Par Raphaël MVOGO