L'Institute for Security Studies (ISS) a mis en garde mercredi contre l'ingérence politique intense dans le système judiciaire de l'Afrique du Sud.
Les principaux organes d'enquête sur les crimes complexes et lacorruption du pays "sont actuellement désorganisées" à cause de l'ingérence politique, a déclaré l'ISS dans un rapport.
Le Directoire d'enquête sur les crimes prioritaires, également connu sous le surnom de "Hawks" (les faucons) "est la dernière en date des institutions de lutte contre le crime à avoir subi une ingérence politique intense", a déclaré l'ISS.
Cela s'est manifesté par la suspension récente de plusieurs hauts responsables des Hawks, dont leur directeur national, Anwa Dramat, et le directeur dans la province de Gauteng, Shadrack Sibiya. Leur suspension est due à leur implication prétendue dans "l'extradition" illégale de quatre ressortissants zimbabwéens en 2010, selon les autorités.
Les enquêtes précédentes avaient blanchi ces responsables de toute implication, selon les informations disponibles, et ces responsables ne sont pas sous le coup d'une quelconque mise en accusation d'ordre pénal ou disciplinaire, a souligné l'ISS.
L'ISS et l'opposition affirment que ces suspensions sont liées à l'enquête menée par ces responsables sur le scandale de Nkandla, dans lequel le président Jacob Zuma est accusé d'avoir détourné pour 246 millions de rands (environ 22 millions de dollars) de fonds publics destinés à des améliorations de sécurité sur sa résidence de Nkandla au KwaZulu-Natal.
Cette ingérence politique survient dans le contexte d'une augmentation du crime organisé et de la corruption ces dernières années, indique l'ISS.
"Le crime organisé, comme le montrent les incidents de plus en plus nombreux de vols et détournements de véhicules, ainsi que la criminalité commerciale et la corruption, nécessitent une réponse spécifique et spécialisée", a souligné l'institut.
Malgré la menace importante que représentent le crime et la corruption pour la population en Afrique du Sud, les dirigeants politiques du pays ne semblent pas mesurer les dégâts irréparable que causent les batailles judiciaires récurrentes sur le moral de ceux qui travaillent dans des institutions judiciaires clé, ou encore sur la confiance du public, a déclaré l'ISS.
Mettre en oeuvre un plan d'action clair pour renforcer le système judiciaire pénal devrait être au premier plan de l'ordre du jour des Hawks, de la police sud-africaine et du Parquet national, a déclaré l'ISS.
"La tension que subissent actuellement ces institutions ne permet pas de maintenir un climat d'état de droit", a-t-il déclaré.