L'ancien parti au pouvoir au Burkina Faso, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), a porté dimanche à sa tête l'économiste Eddie Constance Hyacinthe W. Komboïgo, une décision qui, selon l'élu, signe la fin d'un " conservatisme désuet".
Au terme du premier congrès du parti de Blaise Compaoré après sa chute en fin octobre dernier par une insurrection populaire, les quelque 3.908 délégués de la formation politique ont convenu de porter leur choix sur Eddie Constance Hyacinthe W. Komboïgo, en remplacement à Assimi Kouanda.
M. Komboïgo, âgé de 51 ans, expert-comptable et ancien député de l'Assemblée nationale partie en fumée suite au soulèvement populaire d'octobre dernier, présidera un bureau national exécutif de près de 75 membres, dominé essentiellement par d'anciens députés et ministres de l'ancien régime.
Blaise Compaoré, qui s'est exilé en Côte d'Ivoire depuis sa démission, a été désigné à la tête d'un haut conseil du parti qui regroupe, entre autres, François Compaoré, son frère cadet, et son dernier Premier ministre, Luc Adophe Tiao.
Prenant la parole à l'issue de son installation, le nouveau président du CDP a indiqué que ce congrès "historique" se voulait une manifestation de la volonté de changement et la fin d'un conservatisme désuet et d' un favoritisme sélectif érigés en mode de gestion et d'administration des instances du parti.
"J'ai été élu pour relever ce défi social, ce défi du changement vrai, ce changement générationnel. Je ne pourrai relever ces défis sans vous, vous êtes la solution", a lancé le nouveau président aux jeunes du parti, sous des acclamations biens nourries.
"Notre parti avait besoin d'une véritable révolution pour donner une nouvelle image de demeurer le parti leader au Burkina Faso", a-t-il soutenu, ajoutant qu'il faudra désormais "un CDP démocratique, décentralisé et moderne en phase avec notre temps".
Le Burkina Faso, pays sahélien de près de 18 millions d' habitants, a été ébranlé en octobre dernier par une crise socio- politique qui a fait une trentaine de morts et plusieurs centaines de blessés consécutive à la volonté affichée de l'ex-président Blaise Compaoré de modifier la Constitution pour lui permettre de briguer un nouveau mandat, après 27 ans de règne.
Selon M. Komboïgo, Blaise Compaoré a été un "grand bâtisseur" durant son règne de plus d'un quart de siècle.
"Il a réussi, mais il a également fait des erreurs. Puisse les erreurs de Blaise Compaoré nous servir de leçons", a-t-il dit.
Le congrès du CDP intervient à cinq mois des élections présidentielle et législatives, prévues le 11 octobre 2015, destinées à rétablir l'ordre constitutionnel.
Pourtant, le Conseil national de transition (CNT), l'Assemblée intérimaire née à l'issue du soulèvement populaire, a adopté le mois dernier un novueau code électoral qui rend "inéligibles" les partisans de Blaise Compaoré.
Ceux-ci ont déposé une requête au Conseil constitutionnel, qui l'a rejeté la semaine dernière pour "vice de forme".
Le nouveau président du CDP a interpellé les autorités de la transition pour une "relecture" du code électoral pour permettre à tout Burkinabè qui le souhaite de se présenter aux consultations électorales.