L'opération de révision de la liste électorale en cours en Côte d'Ivoire en vue du scrutin présidentiel d'octobre ne sera pas prolongée, prévient la Commission électorale indépendante (CEI) qui appelle les Ivoiriens à se faire enrôler, à deux semaines de la fin de l'opération.
"Il n'y aura pas de prolongation de l'opération de révision de la liste électorale", a averti lundi dans un entretien exclusif à Xinhua le vice-président de la CEI, Gervais Coulibaly, chef du projet de révision de la liste électorale.
"La loi ne faisant pas obligation au citoyen de voter, l'enrôlement (sur la liste électorale) n'est pas obligatoire, ce qui est important c'est de tenir les obligations constitutionnelles", a-t-il expliqué.
L'opération de révision de la liste électorale a été lancée le 1er juin pour un mois en vue du scrutin présidentiel prévu par la Constitution le dernier dimanche du mois d'octobre de la 5ème année du mandat du président de la République.
La révision de la liste électorale concerne toutes les personnes remplissant les conditions d'âge et de nationalité ne figurant pas sur la liste électorale de 2010 et tous les requérants déjà inscrits qui souhaitent opérer des changements par rapport à leurs inscriptions.
Environ trois millions de nouveaux requérants sont attendus à l'issue de l'opération qui porte sur la liste électorale de 2010 forte de près de 5,8 millions d'inscrits.
Au total, 2 000 sites et 500 centres mobiles ont été ouverts sur l'ensemble du territoire national et dans 19 pays à l'étranger pour permettre aux Ivoiriens de se faire enrôler.
"Les choses se déroulent bien dans le calme même si l'affluence reste à venir", a indiqué Gervais Coulibaly.
Pour lui, cette faible affluence s'explique par la difficulté qu'ont les Ivoiriens à fournir les pièces requises pour l'enrôlement, à savoir la carte nationale d'identité ou le certificat de nationalité encore, pour les Ivoiriens de l'étranger, le passeport biométrique ou la carte consulaire.
"Ils sont nombreux les Ivoiriens qui n'ont pas ces pièces", souligne M. Coulibaly qui assure que des efforts sont en train d'être faits pour les aider à obtenir ces pièces.
"Nous pensons que les prochains jours vont faire l'objet d'une grande affluence et que les bureaux d'enrôlement seront pris d'assaut", espère-t-il non sans insister sur la nécessité de "rendre plus visibles" les lieux d'enrôlement.
Gervais Coulibaly appelle les Ivoiriens qui "hésitent encore" ou qui "pensent à tort" ne pas être intéressés par l'élection présidentielle prochaine à se faire enrôler.
"Il ne faut pas se mettre en marge du processus électoral du pays", leur conseille-t-il expliquant que "c'est la même liste électorale qui va servir pour les autres élections, législatives et locales".
Au demeurant, a-t-il encore lancé, "si vous n'êtes pas sur la liste électorale pour choisir votre président de la République, l'on choisira le président pour vous".
Le vice-président de la CEI a invité, en outre, les hommes et les partis politiques qui "recherchent des voix" à sensibiliser les Ivoiriens à se faire enrôler pour qu'ils puissent voter.
Des voix discordantes se font entendre au sein du principal parti d'opposition, le Front populaire ivoirien (FPI, de Laurent Gbagbo) miné par une guerre de leadership.
Contrairement au président statutaire du parti, Pascal Affi N'guessan, candidat désigné à l'élection présidentielle d'octobre, des frondeurs appellent au boycott de l'opération de révision de la liste électorale et de tout le processus électoral.
Pour Gervais Coulibaly, ancien porte-parole de Laurent Gbagbo, "ce n'est pas une bonne idée de faire la politique de la chaise".
Après la révision de la liste électorale, le chronogramme de la CEI prévoit la réception des candidatures du 20 juillet au 24 août et la publication le 10 septembre des candidatures retenues par le Conseil constitutionnel.
La campagne électorale devrait se dérouler du 10 au 23 octobre, selon la CEI.
L'élection présidentielle d'octobre est censée traduire le retour de la paix en Côte d'ivoire après les violences électorales de 2010-2011 qui ont fait au moins 3 000 morts dans le pays.