L'unique société marocaine de l'industrie de raffinage, SAMIR, située à 70 km au sud-ouest de Rabat, vient d'arrêter la production de ses produits pétroliers raffinés.
Ses titres, qui ont chuté de 10% mercredi, ont également été suspendus de la cotation à la Bourse de Casablanca, à la demande du Conseil déontologique des valeurs mobilières du Maroc.
Réagissant à la décision de SAMIR d'arrêter la production de ses produits pétroliers raffinés, le ministère marocain de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement et le Groupement des pétroliers au Maroc (GPM) ont annoncé qu'ils avaient pris "toutes les mesures pour assurer l'approvisionnement normal du marché national en hydrocarbures".
Les difficultés financières empêchent SAMIR de poursuivre son activité normale.
A cause de la chute des cours de pétrole, la dette de SAMIR s'élève à plus de 20 milliards de dirhams (environ 2 millions d'euros).
Depuis janvier 2015, la société a perdu plus de 46% de sa valeur. Ses pertes en 2014 étaient chiffrés à 3,42 milliards de dirhams, soit un niveau record qui l'avait contraint à émettre un profit warning le 10 décembre 2014.
Au titre de l'exercice écoulé, la société, cotée à la Bourse de Casablanca depuis 1996, a affiché un résultat net négatif de -3,42 millions de dirhams, contre 320 millions de DH en 2013, sous l'effet de "la dévalorisation significative de ses actifs détenus en stock, due à la chute des cours du Brent".
La société a expliqué, dans un communiqué distribué jeudi à la presse, que "l'approvisionnement de la raffinerie en pétrole brut enregistrera ainsi un retard en raison de la situation sur le marché international et des difficultés financières de la société".
"Ce retard entraînera l'arrêt de certaines unités de production. Les livraisons de la société en produits raffinés, continueront en fonction des stocks disponibles, et ce, jusqu'à la reprise totale des unités de production prévue vers la mi-août", selon le communiqué.
Pour rappel, dans le cadre de la restructuration de sa dette, la SAMIR avait conclu, en mai dernier, un accord avec la Banque Centrale Populaire (BCP) du Maroc, en vertu duquel un crédit de refinancement à long terme de 1,2 milliard de dirhams a été octroyé par la banque.
Cet accord de restructuration représente la deuxième phase de sa nouvelle stratégie de refinancement, initiée en 2015.
Cette stratégie de refinancement avait pour objectif de renforcer la structure du capital de la société et d'améliorer sa liquidité, ce qui permettra l'extension substantielle de la maturité moyenne de l'endettement.
Au 1er trimestre 2015, SAMIR a finalisé des accords de financement avec des institutions internationales de premier rang, ce qui a porté le montant global des facilités bancaires à l'étranger à près de 600 millions de dollars US.
La convention Murabaha de 235 millions de dollars US, signée avec la Société Internationale Islamique de Financement du Commerce (ITFC), est entrée en vigueur en février 2015.
Par ailleurs, le groupe américain Carlyle, troisième plus grande société d'investissement dans le monde, a accordé à la société une facilité de 350 millions de dollars US pour financer ses activités d'import de matières premières.
D'autres négociations ont été également entamées avec des institutions financières et traders de matières premières pour l'octroi d'un financement à long terme de 400 millions de dollars US, adossé à des contrats commerciaux.