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Londres : exposition d'une boule de graisse de 143 tonnes provenant des égouts

le Quotidien du Peuple en ligne | 13.02.2018 08h54

La Joconde, c'est dépassé ! La capitale britannique propose actuellement autre chose, nettement moins ragoûtant certes, mais qui attire les foules au Musée de Londres, dans le cadre d'une exposition intitulée « Fatberg ! » (« Montagne de graisse »), un jeu de mots sur iceberg dû à la taille gigantesque de l'objet. Mais à la différence de la célèbre peinture du Louvre, cette nouvelle attraction est d'apparence rocailleuse, répugnante et révoltante sur bien des points, tant elle illustre tous les gaspillages de notre société de consommation. Ah, oui, au fait... écœurante « cerise sur le gâteau », il y a aussi de minuscules insectes vivant dessus...

Les morceaux -car il n'est bien sûr pas question de l'exposer en entier- de ce « fatberg » de 143 tonnes trouvé dans le réseau d'égouts de Londres sont exposés depuis le 9 février dernier au Musée de Londres, racontant comment les égoutiers se sont attaqués, à l'ancienne, à une énorme masse de déchets avec des tuyaux à jet, des pioches, des bêches et des pelles. Ce déchet géant, découvert en septembre dernier dans le quartier de Whitechapel à East London, a attiré l'attention internationale. Il a fallu neuf semaines pour démanteler le bloc composé entre autres de graisse, de lingettes humides, de préservatifs usagés et d'autres objets qui soulèvent le cœur.

« Avoir un "fatberg" figurait depuis longtemps sur la liste de souhaits du Musée de Londres. Nous voulions refléter les hauts et les bas de la vie en ville », a déclaré la conservatrice Vyki Sparkes. Les « fatbergs » sont « grossiers, mais étrangement convaincants », a-t-elle ajouté. Au-delà de l'anecdote, ces boules de graisse sont également un problème majeur dans la capitale britannique, qui possède un système d'égouts remontant à l'époque victorienne et qui a sans cesse lutté pour faire face à l'augmentation de la population depuis la fin du 19e siècle. La société de services publics britannique Thames Water dépense environ 1 million de livres par mois pour lutter contre ces montagnes de déchets qui se cachent dans les tuyaux et les tunnels sous les pieds des gens, dont beaucoup se trouvent dans les quartiers de Londres. Car s'ils ne sont pas enlevés, ils peuvent causer des débordements d'égout.

Et ce n'est pas seulement un problème de Londres. L'automne dernier, un « fatberg » de plus de 6 mètres a été délogé des égouts de Baltimore, aux États-Unis. Mais Londres est sans doute -humour très britannique- la première ville à enfermer des échantillons de déchets d’égouts dans des vitrines d'observation en plexiglas, puis à inviter les gens à venir les voir. Selon Mme Sparkes, une partie de la raison pour laquelle les « fatbergs » ont capturé l'imagination du public est leur nom, pour lequel nous pouvons remercier les travailleurs des égouts de Londres. Ce sont eux qui ont inventé le terme « fatberg », qui est entré dans l'Oxford English Dictionary en 2015. « Les gens peuvent vraiment visualiser que c'est comme un iceberg géant mais fait de graisse, a-t-elle souligné, rappelant aussi que tout n'est pas si sombre : l'exposition révèle en effet qu'une partie du « fatberg » a été convertie en biodiesel qui aide à faire fonctionner les bus de Londres...

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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