Dernière mise à jour à 17h10 le 03/07
Le panda géant est à la fois l'animal le plus emblématique de la Chine et un symbole puissant de la conservation de la faune dans le monde entier -mais la protection de cette espèce continue de susciter la controverse.
Certains zoologistes et journalistes affirment ainsi que les millions dépensés chaque année pour assurer la survie de ce plantigrade vulnérable sont un gaspillage, en partie parce que les habitudes alimentaires et de reproduction très sélectives de cette créature la rendent particulièrement difficile à protéger.
Le naturaliste britannique Chris Packham a même dit un jour avec une grande cruauté que le panda avait « sombré dans un cul-de-sac évolutif » et que les défenseurs de l'environnement devraient « débrancher la prise et les laisser partir ».
Mais de nouvelles recherches menées par une équipe de scientifiques chinois, britanniques, américains et australiens laissent en revanche penser que, bien au contraire, les efforts de protection des pandas produisent un retour sur investissement significatif.
L'étude, publiée dans la revue Current Biology, estime ainsi que la valeur générée par les réserves de pandas en Chine représente entre 2,6 milliards et 6,9 milliards de dollars par an, soit environ 10 à 27 fois le coût d'entretien des réserves.
« De nombreux détracteurs ont fait valoir que dépenser des ressources précieuses pour la conservation des pandas est un gaspillage », a déclaré l'auteur principal de l'étude Wei Fuwen, de l'Académie chinoise des sciences. « Notre analyse contredit ce point de vue et démontre clairement la grande valeur du panda, à la fois pour sa valeur culturelle et intrinsèque, et pour les services écosystémiques qu'offrent les réserves de pandas ».
L'étude a été menée par des chercheurs de l'Académie chinoise des sciences en Chine, de l'Université nationale australienne et de l'Université James Cook en Australie, de l'Université de Pittsburgh et du zoo de San Diego aux États-Unis et de l'Université de Cardiff au Royaume-Uni.
Les chercheurs ont examiné une série de variables avant de présenter leurs estimations, notamment en matière de stockage du carbone et de production de ressources.
Selon M. Wei, les réserves de pandas géants offrent une variété de services écosystémiques qui sont appréciés par les populations locales. Les réserves servent à faire pousser des cultures, à faire paître les animaux, à acheter de l'eau et à ramasser du bois de chauffage.
Les réserves jouent aussi un rôle dans la gestion des eaux de ruissellement, la rétention des sédiments et des nutriments et dans le piégeage du carbone. La recherche a également pris en compte la valeur culturelle du panda.
« Maintenant, nous savons que le système de réserves et de protection travaille à inverser le déclin du panda et que ces efforts ont des avantages pour la société et la nature dans son ensemble », a souligné M. Wei.
Charlotte MacDonald, directrice de la conservation et des collections de vie à la Royal Zoological Society d'Écosse, n'a pas participé à l'étude, mais a noté que le panda est une espèce « parapluie » et que les réserves de panda protègent les autres animaux et plantes.
« Les pandas géants sont à bien des égards aussi un fleuron de la conservation », affirme Mme MacDonald. « La protection de leurs habitats contribue également à protéger de nombreux autres animaux qu'ils côtoient ».
La Chine a redoublé d'efforts dans la conservation des pandas, quand une étude réalisée il y a 28 ans a montré une forte baisse de la population de pandas et une perte dramatique de leur habitat.
Cette enquête nationale sur les pandas réalisée en 1990 avait montré que la population de pandas avait diminué de plus de moitié au cours d'une période de dix ans, tombant à 1 112 individus. L'habitat des pandas avait également fortement diminué de deux tiers, passant à 12 340 kilomètres carrés.
Depuis lors, le gouvernement a protégé 33 118 kilomètres carrés de réserves de pandas et le nombre de pandas a rebondi, passant à 1 864 individus.
En 2016, l'Union internationale pour la conservation de la nature a rétrogradé le panda d'« espèce en danger » à « espèce vulnérable » sur la liste mondiale des animaux menacés d'extinction.