Dernière mise à jour à 09h43 le 15/11
Un récent jeudi soir, Zhang Yu, un élève de cinquième année à Tianjin, s'est préparé pour des devoirs de mathématiques. Il a dû utiliser le téléphone portable de sa mère pour faire son travail, car les trois problèmes de géométrie concernant les lignes parallèles avaient été écrits à la main par son enseignant sur une feuille de papier, puis photographiés et postés sur WeChat par un groupe de parents d'élèves.
Xing Huan, la mère de Zhang Yu, n'apprécie que modérément. « Un jour, mon mari et moi avons dû faire des heures supplémentaires et nous ne pouvions pas rentrer à la maison. J'ai dû demander à un ami d'aller chez moi et montrer à mon fils ses devoirs », a-t-elle déclaré. « Il n'a que 11 ans et je ne veux pas lui acheter un téléphone portable. Mais c'est devenu inévitable maintenant », a-t-elle déploré. « Je crains aussi que la vue de mon fils ne soit endommagée s'il regarde trop longtemps un téléphone ».
En août, le ministère de l'Éducation et sept autres départements ont publié une directive visant à protéger la vue des élèves en limitant l'utilisation d'appareils électroniques pour l'attribution des devoirs. Les enseignants doivent donner les devoirs sur papier uniquement et limiter le temps pendant lequel ils utilisent des appareils électroniques pour enseigner.
Mais beaucoup d'écoles, y compris celle du jeune Zhang, dépendent beaucoup de WeChat et d'autres applications de téléphonie mobile pour donner les devoirs, ce qui représente un défi pour le pays dans la poursuite de son objectif de protection de la vue des enfants, et nourrit l'inquiétude des parents quant à la dépendance de leurs enfants au téléphone et à l'Internet.
En plus de WeChat, les enseignants donnent également leurs devoirs via une application pour téléphone portable particulière, a indiqué Tan Yi, professeur de mathématiques à l'école secondaire Nankai de Tianjin, qui utilise le logiciel 17zuoye (Finishing Homework Together, « Finissons les devoirs ensemble »), mis au point par la société d'enseignement shanghaienne 17Edtech il y a plus de trois ans. L'application rassemble les enseignants, les élèves et leurs parents pour leur permettre de communiquer sur les devoirs des élèves, a-t-il précisé, ajoutant qu'elle permettait aux élèves de présenter leurs travaux sur la plate-forme et aux parents de voir les progrès de leurs enfants. Les enseignants peuvent quant à eux annoter les devoirs et interagir immédiatement avec leurs élèves.
Cependant, il a aussi été constaté dans les médias que l'utilisation de certaines applications pour les devoirs incluait des jeux vidéo et même des contenus inappropriés. Les parents craignent également que l'utilisation continue d'appareils électroniques affecte la vue des élèves et amène leurs enfants à devenir maladroit dans l'écriture des caractères chinois.
De leur côté, les experts en éducation ne pensent pas que la simple interdiction de l'utilisation d'applications pour les devoirs soit le meilleur moyen de protéger la vue des étudiants. Xiong Bingqi, directeur adjoint de l'Institut de recherche sur l'éducation du 21e siècle, pense ainsi que, à l'ère de l'Internet, il est impossible d'interdire l'utilisation d'appareils électroniques et d'applications de devoirs à la maison. L'important pour les écoles et les parents, a-t-il souligné, est de fournir des conseils sur l'utilisation des applications, afin que les élèves puissent développer de bonnes habitudes d'utilisateur.
Pendant des années, de nombreuses écoles primaires et secondaires ont limité ou interdit l'utilisation d'ordinateurs et de téléphones portables en classe. Avec pour conséquence que, lorsque ces étudiants sont entrés à l'université, leur passion pour Internet a été libérée et beaucoup sont devenus de véritables esclaves électroniques, incapables de contrôler le temps passé à utiliser leurs appareils électroniques, a-t-il dit. « Ce que les écoles et les parents devraient faire, c'est aider les élèves à cultiver de bonnes habitudes », a-t-il souligné.
Chu Zhaohui, chercheur principal à l'Institut national des sciences de l'éducation, estime pour sa part qu'il est acceptable que les écoles utilisent des applications pour le travail scolaire, mais qu'une dépendance excessive envers elle n'est pas bonne pour les étudiants. « Il faut veiller à ce que, mis à part les applications, les étudiants puissent également terminer leurs devoirs de la manière habituelle », a-t-il déclaré, « de sorte que les étudiants qui ne peuvent pas acheter un iPad, un ordinateur ou un smartphone puissent également faire leur travail ».
Si certains travaux scolaires n'exigent pas l'utilisation d'applications d'étude, il faut empêcher les écoles et les enseignants de tirer profit des ventes des applications, car ils ne sont censés recevoir aucun avantage des entreprises qui les vendent, a-t-il noté. « Nous ne voulons pas interdire les modèles d'éducation en ligne, mais ils doivent être utilisés avec prudence. Les technologies modernes sont bonnes, mais elles sont censées servir de manuels, et pas à voler la vedette ».