En 2008, au semestre de printemps, une fille d'origine arabe était venue me voir dans mon bureau. Elle parlait chinois couramment, ce qui m'avait beaucoup impressionné. Elle s'appelait Imen Belhadj et était originaire de Tunisie. C'est là-bas qu'elle avait appris le chinois et avait même remporté le premier prix au concours « Pont vers le chinois ». Grâce à ce succès, elle avait reçu une bourse de la part du gouvernement chinois pour venir faire ses études de master au département de chinois de l'Université de Beijing.
Après l'obtention de son diplôme, elle avait poursuivi en doctorat à l'Institut des relations internationales, toujours dans cette même université. En marge de ses études, elle participait à toute sorte d'activités sociales. Elle était secrétaire à l'Amicale des étudiants africains à l'Université de Beijing, promouvant l'organisation conjointe de conférences par les étudiants africains et le Centre d'études sur l'Afrique de l'Université de Beijing. Elle enseignait également au département d'arabe dans cette même université. L'année dernière, ce Centre d'études sur l'Afrique a établi des liens de coopération avec le Nordic Africa Institute. En avril 2012, Imen était partie travailler trois mois dans cet institut, dans le cadre de ses études. Sur place, elle avait collecté de nombreux documents, utiles pour sa thèse s'intéressant aux relations entre la Chine et le Maghreb. Elle y avait également tenu une conférence, qui avait été saluée par les chercheurs de l'Institut.
En 2008, Antoine Roger Lokongo m'avait contacté par courriel, et s'était présenté. Né en République démocratique du Congo, il avait été amené à Londres par un prêtre et était resté dans cette ville une dizaine d'années. Il avait, en outre, exercé neuf ans en tant que journaliste.
Lokongo était loin de regretter la décision qu'il avait prise de venir étudier en Chine et avait de l'énergie à revendre. Après des discussions avec des étudiants chinois, il s'était attribué un nom chinois, Longgang (littéralement « Dragon-Congo »), qui exprime la volonté de contribuer à l'amitié entre la Chine et le Congo.
En 2011, Lokongo a commencé son doctorat à l'Institut des relations internationales de l'Université de Beijing. Il avait écrit un article ayant pour titre Pourquoi les élections en Afrique ne sont-elles pas assez libres, égales et transparentes ? – Étude de cas en Afrique du Sud, en Libye et en Côte d'Ivoire, au travers duquel il analysait la situation de la démocratie et du vote en Afrique, en prenant pour exemples ces trois pays. Dans son texte, il avait indiqué que l'Occident, tout en préconisant la démocratie en Afrique, ébranlait celle-ci dans le même temps. Par ailleurs, les gouvernements africains devaient veiller aux intérêts stratégiques recherchés par l'Occident, car ils risqueraient, dans le cas contraire, de perdre leur pouvoir. Cet article rédigé en anglais avait été publié sur le site africain Pambazuka News et avait retenu l'attention des savants chinois.