Un étudiant marocain s’était donné un nom bien chinois : Li Shan. J’avais supervisé la rédaction de son mémoire de master, suite auquel il avait continué en doctorat. Il avait prononcé un discours remarqué lors du Forum des jeunes dirigeants Chine-Afrique, dans lequel il avait fait part de ses opinions sur les relations sino-africaines.
Un jour d’automne 2009, une fille à la peau noire était entrée dans mon bureau. Elle s’appelait Ré Phillips et était américaine d’origine africaine. Étudiante à l’université Stanford, elle voulait que je sois son directeur de mémoire. Elle avait choisi William Edward Burghardt Du Bois (1868-1963) et les relations sino-africaines comme sujet. W.E.B. Du Bois était un Américain d’origine ghanéenne, fervent défenseur des Américains noirs et du panafricanisme. Il avait visité par trois fois la Chine et s’était lié d’amitié avec des dirigeants chinois, notamment Mao Zedong. Au début, Ré Phillips avait demandé à l’ex-secrétaire d’État Condoleezza Rice, qui enseignait à l’université Stanford, d’être son professeur de suivi. Mais celle-ci lui avait conseillé de modifier son sujet pour se pencher sur les relations sino-américaines. Vu que Ré Phillips insistait pour conserver son thème initial, Mme Rice lui avait proposé de traiter la question des droits de l’homme en Chine. Mais Ré Phillips voulait exclusivement faire son mémoire sur les relations sino-africaines. Mme Rice avait alors avoué qu’elle n’avait pas les capacités de guider ces recherches.
Plus tard, Ré Phillips s’était rendue en Chine et avait suivi un cours donné conjointement par Dr Wang Suolao et moi, dont l’intitulé était « Relations Chine–Afrique et Chine–Moyen-Orient ». Elle avait ensuite rédigé son mémoire sur W.E.B. Du Bois et les relations sino-africaines avec succès. Il est intéressant de noter que Ré Phillips, considérant que ce cours lui avait était bénéfique, en avait fait part à l’université Stanford. Notre cours figure désormais dans le programme d’études de cette université.
Ces dernières années, avec l’amélioration permanente des relations sino-africaines, de plus en plus d’étudiants s’intéressent à cette question. La plupart des doctorants étrangers que j’ai suivis avaient choisi les relations sino-africaines comme sujet de thèse. Par exemple, un étudiant norvégien avait comparé les systèmes d’aide à destination de l’Afrique mis en place par la Chine et la Norvège. Un Allemand avait écrit sur les ONG chinoises et les relations sino-africaines. Un Italien s’était penché sur les investissements des petites et moyennes entreprises chinoises en Afrique.
J’ai le profond sentiment qu’avec le renforcement de sa puissance nationale, la Chine joue désormais un rôle de plus en plus important dans les affaires internationales, poussant les jeunes étrangers à s’intéresser davantage à la Chine. Beaucoup d’étudiants africains sont venus en Chine, curieux du développement qu’a connu le pays et portés par l’espoir d’un bel avenir pour l’Afrique. Ils seront les bâtisseurs de l’ordre mondial futur. Ces jeunes avides de connaissances deviendront des forces qui, comprenant bien la Chine, promouvront les relations amicales entre ce pays et le reste du monde dans le futur. Par leur biais, les échanges entre les nations se feront sur un pied d’égalité.
*LI ANSHAN est directeur au Centre d’études sur l’Afrique de l’Université de Beijing.