LI ANSHAN*
L'auteur, professeur à l'Université de Beijing, partage son expérience de travail au contact des étudiants africains, qui portent un intérêt croissant aux relations diplomatiques entre la Chine et l'Afrique.
Travaillant en tant que professeur à l'Université de Beijing depuis 18 ans, j'ai eu l'occasion de rencontrer de nombreux étudiants étrangers, et parmi eux, beaucoup d'Africains.
Un jour, une jeune Africaine s'était présentée dans mon bureau. Elle s'appelait Lucy Njeri Manegene et venait du Kenya. Étudiante en politique internationale, elle travaillait d'arrache-pied sur son mémoire intitulé Politique étrangère chinoise envers l'Afrique de l'Est : étude de cas sur le Kenya et la Tanzanie (1963-1990). Elle voulait avoir mon avis sur la question. Je lui ai donc fourni des documents traitant des relations sino-africaines. À mesure que j'apprenais à la connaître, je trouvais cette Lucy gentille, sympathique et très consciencieuse.
De retour dans son pays, Lucy avait décroché un poste au ministère kényan des Affaires étrangères. En 2008, j'avais été invité à participer à une conférence au Kenya, et ce jour-là, je l'avais revue. Lucy n'était alors plus l'étudiante timide que j'avais connue, mais une diplomate expérimentée et sûre d'elle. Par la suite, elle avait été envoyée aux États-Unis pour travailler à l'ambassade du Kenya.
L'Institut des relations internationales de l'Université de Beijing a mis en place un programme nommé « Formation à destination des futurs diplomates du tiers-monde ». La plupart des étudiants sont originaires d'Asie, d'Afrique ou d'Amérique latine, mais les Africains constituent tout de même le groupe majoritaire. Les cours sont dispensés en anglais. Pour ma part, je donne un cours sur les relations sino-africaines, et auparavant, j'étais en outre directeur de thèse auprès des étudiants africains.
Un étudiant malgache m'avait marqué. Un jour, alors que je parlais du soutien qu'apportait la Chine à l'Afrique, il avait rétorqué que cette aide n'était pas toujours adaptée. Par exemple, les voitures offertes par la Chine à Madagascar ne peuvent pas être approvisionnées dans les stations-service, car dans ce pays, seules les personnes très riches ont accès à l'essence. Pour la première fois, je m'étais rendu compte que l'aide chinoise à l'égard de l'Afrique devait prendre en considération les conditions réelles des pays destinataires.
Mapulumo Lisebo Mosisili, une étudiante diplômée de ce programme, est aujourd'hui secrétaire générale au ministère lesothan du Travail et de l'Emploi, tandis que Manitra, sa camarade de classe, travaille au ministère malgache des Affaires étrangères et a été envoyée à l'ambassade de Madagascar en Chine.