Personne n'ignore que les armes chimiques ne sont qu'un prétexte. En ce qui concerne la situation actuelle en Syrie, si l'armée régulière syrienne était prise dans une impasse, l'utilisation d'armes chimiques pourrait être un moyen de s'en sortir. Le problème est que les troupes gouvernementales ne sont pas acculées à ce point, et que face à des militants anti- gouvernementaux qui n'ont pas réussi à s'unir, elle a pris un avantage certain. Les médias anglais ont même dit que l'armée syrienne « était proche de la conclusion ». À ce moment critique, si Bachar el-Assad avait vraiment donné l'ordre d'utiliser des armes chimiques, ne serait-ce pas donner à ses adversaires le bâton pour se faire battre, et a fortiori aurait-il accepté qu'une équipe d'enquête de l'ONU passe des dizaines d'heures à enquêter sur place sur les armes chimiques ?
L'équipe d'enquête de l'ONU sur les armes chimiques a terminé son travail, mais elle ne donnera pas ses résultats avant trois semaines au mieux. Mais les Etats-Unis ont décidé de frapper en premier pour garder l'initiative, et le 30 août, le Secrétaire d' État américain John Kerry a annoncé une enquête unilatérale sur les preuves.
Le Ministère syrien des Affaires Etrangères a répondu avec colère, accusant John Kerry de vouloir purement et simplement fabriquer des preuves. De son côté, le président russe Vladimir Poutine a également dénoncé les accusations d'« utilisation d'armes chimiques par les forces gouvernementales syriennes », les qualifiant de totalement « illogiques » et « absurdes ».
Peut-être que les soupçons sur les armes chimiques ne sont en eux-mêmes qu'une fausse proposition, et que la position américaine est plus en fait un problème de « face » : Barack Obama a depuis longtemps fixé une « ligne rouge » à l'encontre de la Syrie, et maintenant que des armes chimiques ont été utilisées, peu importe qui l'a fait, les Etats-Unis doivent réagir, faute de quoi ils perdront de leur prestige et de leur influence dans la région.
Mais que donnera l'usage de la force ? Les Etats-Unis en sortiront-ils vainqueurs ? Pas nécessairement. Certains experts prédisent que la Syrie risque de devenir un pays encore plus anti-américain. Et les islamistes extrémistes en Syrie risquent de lancer une guerre encore plus violente au Moyen-Orient.
Les alliés des Etats-Unis ont déjà trouvé des prétextes pour refuser de participer à des opérations militaires, plongeant ces derniers dans l'embarras. Et dans le même temps, s'agissant de proclamer l'ordre d'attaquer la Syrie, Barack Obama a également retardé la possibilité d'entrer en guerre dans les trois jours. Tout cela montre également les préoccupations de Barack Obama : quel avantage auraient les Etats-Unis à entrer dans la guerre en Syrie ? Qu'espèrent-ils obtenir d'une guerre en Syrie ? Voilà des questions auxquelles l'administration Obama devrait répondre, mais pour l'heure, du point de vue officiel, il n'y a pas de réponse.
Le Quotidien du Peuple, Edition Outre-mer (3 septembre 2013, # 06 édition)