La France a choisi de ne pas intervenir directement en Centrafrique, où des forces rebelles tiennent tête au président François Bozizé, tout en envisageant de faire jouer son influence afin d' ouvrir un dialogue entre les deux parties au conflit civil centrafricain, a considéré mercredi le journal français Le Figaro.
"Paris veut influencer, mais pas intervenir militairement", selon le titre de l' article consacré par le quotidien au rôle de Paris vis-à-vis de Bangui. Le journal souligne que c' est la première fois depuis l' indépendance de la Centrafrique en 1960 que les troupes françaises renoncent à participer directement à la résolution d' une crise politico-militaire dans le pays.
En effet, le président socialiste François Hollande, élu en mai 2012, tient à signifier que le temps de la Françafrique (terme désignant l' action économique et militaire intéressée et controversée menée en Afrique par l' ancienne puissance coloniale française) est bel et bien révolu.
D' ailleurs, cette évolution des relations franco-africaines avait été amorcée, rappelle Le Figaro, par son prédécesseur de droite Nicolas Sarkozy (2007-2012), qui avait renégocié les accords de défense liant Paris à ses anciennes colonies sur le continent africain, en les débarrassant de certaines clauses secrètes autorisant l' armée française à mener des opérations sur place.
Cette volonté de s' abstenir de toute intervention sur le terrain a été clairement énoncée par le chef d' Etat français fin décembre, avant d' être réaffirmée plus récemment par son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
S' exprimant depuis Kaboul, en Afghanistan, lundi dernier, M. Le Drian a indiqué que la France avait "deux missions" à remplir en Centrafrique, à savoir faciliter le dialogue entre le gouvernement en place et les rebelles et assurer la sécurité des ressortissants français y résidant.
Selon Le Figaro, les 600 militaires français stationnés à l' aéroport de Bangui sont uniquement chargés de la protection de leurs compatriotes et de leur éventuelle évacuation, conformément au souhait du président Hollande qui a opposé une fin de non-recevoir aux demandes d' intervention que lui avait adressées son homologue centrafricain.
Mais, poursuit le journal, "la discrétion n' exclut pas l' influence", la France cherchant, dans le cadre de la deuxième mission évoquée par M. Le Drian, à favoriser des pourparlers entre les autorités centrafricaines et la rébellion qui menace aux portes de la capitale : Bangui.
"Paris espère que la présence militaire française aura un effet stabilisateur sur la situation et freinera les ardeurs des deux parties", estime le journal français, constatant l' ambition poursuivie par l' ancienne puissance coloniale de jouer un "rôle d' arbitre armé".
La mission consistant à "faire en sorte que les protagonistes puissent se rencontrer, échanger, trouver les conciliations nécessaires", selon les propos du ministre français de la Défense, doit toutefois se soumettre à l' épreuve des faits.