Le nouveau gouvernement du Premier ministre Luc Adolphe Tiao dont la composition a été rendue publique le 2 janvier 2013 comprend aussi bien des partis de la mouvance présidentielle que des refondateurs de l'opposition en vue de rassembler le maximum de forces politiques autour du président Compaoré pour la bataille de 2015.
A cet effet, l'ouverture de l'équipe actuelle aux refondateurs à savoir des membres de l'Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) et de l'Autre Burkina, des partis dits d'opposition en plus des partis de la mouvance présidentielle est un atout pour ce rassemblement à l'orée de 2015.
La surprise est l'absence remarquée d'un soutien de taille au régime Compaoré à savoir l'Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA) qui, au précédent gouvernement, détenait deux portefeuilles ministériels.
Ce parti qui occupe la troisième place (18 députés) sur l'échiquier politique nationale, après le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP-pouvoir) avec 70 députés et l'Union pour la démocratie et le changement (UPC-Opposition) avec 19 députés, a pourtant soutenu récemment le parti au pouvoir à l'élection du nouveau président de l'Assemblée nationale.
Certains observateurs estiment que la non participation de l'ADF/RDA au gouvernement serait liée à son intransigeance à vouloir plus de portefeuilles ministériels que dans le dernier gouvernement au regard de sa performance aux élections couplées de décembre 2012.
D'autres par contre trouvent aussi que les tractations entre le CDP et l'ADF/RDA tourneraient autour de son refus à cautionner une quelconque modification de l'article 37 limitant le mandat présidentiel à deux. « Il faut certainement s'attendre à d'autres réaménagements d'ici 2015 », estiment ces derniers.
En tous les cas, le président Compaoré pour mieux recadrer l'équipe pour plus d'efficacité, a conservé entre ses mains le portefeuille de la Défense et des Anciens combattants et nommé trois ministres d'Etat au sein de ce gouvernement au lieu d'un seul dans la précédente équipe.
Contrairement à l'équipe précédente qui n'en comptait que quatre, ce gouvernement compte cinq femmes et 13 nouvelles têtes font leur arrivée tandis que 11 anciens ministres ont plié leurs bagages.
Au total, cinq ministères changent d'appellation tels l'Agriculture et de la Sécurité alimentaire, l'Eau, les Aménagements Hydrauliques et l'Assainissement, l'Aménagement du territoire et le Décentralisation, la Promotion de la femme et du Genre, Développement de l'Economie numérique et des postes.
Cette équipe de 32 membres appelés à mettre en oeuvre les grands chantiers du président du Faso, ressemble fort à une équipe prête pour le combat au regard des enjeux de 2015, fin de mandat du président Compaoré.
Ce gouvernement, estiment encore les observateurs, donne l'impression que le pouvoir Compaoré cherche à ratisser large pour les combats futurs de 2015 qui tourneraient autour de la candidature ou non du président du Faso et de la modification de l'article 37.