Candidat à l'élection présidentielle de janvier 2011 sanctionnée par la victoire du président François Bozizé, un résultat qu'il avait contesté avec les autres membres de l'opposition dite démocratique, l'ex- Premierministre centrafricain Martin Ziguelé a annoncé dans un entretien vendredi à Xinhua sa participation aux pourparlers de paix prévus à Libreville au Gabon.
« Puisque je dirige un parti de l'opposition, je serai là-bas », a déclaré le leader du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC), ex-parti unique créé par l'ex-chef de l'Etat décédé Ange-Félix Patassé, renversé par un coup d'Etat militaire en mars 2003 par l'actuel président.
Martin Ziguelé se dit favorable au dialogue politique entre Centrafricains, seul moyen selon lui de sortir des soubresauts à répétition observés dans le pays, l'un des plus pauvres au monde où la population (plus de 4,5 millions) peine à joindre les deux bouts, cependant que l'économie tire l'essentiel de ses recettes ( environ 40% du PIB) de l'exploitations de diamants, devant l'or et le bois.
« Il faut aller au dialogue. Ce n'est pas la position de Martin Ziguelé. C'est la position de toute l'opposition démocratique », a précisé l'ex-chef du gouvernement, arrivé troisième à la présidentielle de 2011, derrière Patassé. Un scrutin pour lequel il se déclarait assuré de remporter.
Sous l'égide de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC, organisation régionale à laquelle la RCA appartient avec l'Angola, le Burundi, le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République démocratique du Congo, Sao Tom & Principe et le Tchad), les négociations prévues à Libreville n'ont pas encore un calendrier connu. « On ne nous a pas donné de date. Je pense qu'ils ont des difficultés à fixer une date. C'est pour cela qu'ils veulent organiser une première réunion avec les rebelles (annoncée dimanche dans la capitale gabonaise, NDLR) pour pouvoir harmoniser tout ça », a-t-il souligner.
Pour la participation à ces assises qui impliquent en outre la société civile qui annonce 22 représentants issus des jeunes, des femmes, des syndicats, du secteur privé, des organisations non gouvernementales (ONG) de développement et des droits de l'homme, une rencontre a réuni le 28 décembre à Bangui les responsables de l'opposition démocratique centrafricaine et le général congolais Guy-Pierre Garcia, secrétaire général adjoint de la CEEAC, informe Ziguelé.
L'ex-Premier ministre a annoncé « un ensemble de propositions » de sortie de crise, remise à la représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies. Ces propositions qu'il n'a pas voulu dévoiler, a-t-il relevé, ne seront révélées à l'opinion publique nationale et internationale après que les chefs d'Etat de la CEEAC en auront pris connaissance.
Selon lui, l'actuelle crise qui oppose depuis décembre le pouvoir de François Bozizé à la coalition rebelle Séléka qui s'est emparée de plusieurs villes centrafricaines dont Bambari et Sibut dans leur progression vers la capitale, réclament le départ de l'ex-chef rebelle devenu dirigeant politique, ne surprend pas, « puisque, explique-t-il, le pouvoir a toujours refusé de dialoguer.
« Une crise, argumente-t-il, a toujours de multiples causes. Il y a les promesses non tenues depuis les accords de Libreville ( de juin 2008, NDLR). Il y a une crise de crédibilité du pouvoir ».
Parmi d'autres facteurs évoqués en dehors du refus de dialogue, il cite la réélection contestée de Bozizé en 2011 lors d'un scrutin jugé truqué.
Il s'est gardé d'exprimer pour l'heure sa position au sujet de la promesse de formation d'un gouvernement d'union nationale par le président, appelant toutefois à débattre, en évitant d'escamoter les choses, de tous les sujets cruciaux lors des pourparlers de Libreville.
Pour Martin Ziguelé, l'ampleur de la crise et surtout l'occupation du territoire par les rebelles permettent de déduire qu'« une épée de Damoclès est suspendue au-dessus de la tête de tout le monde ». D'où l'impératif d'un dialogue franc et sincère. « On est en train de courir de gauche à droite. On est vraiment très pris », a-t-il signifié d'emblée.