Le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) Bakary Fofana a promis mardi de doter les démembrements de son institution de la logistique nécessaire pour leur bon fonctionnement en prélude aux opérations de révision des listes électorales devant précéder la tenue des élections législatives annoncées pour le 12 mai prochain.
Cette déclaration intervient alors que l'institution a entamé la recomposition de ces démembrements, une opération que l'Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) et le Collectif des partis politiques pour la finalisation de la Transition a décidé de boycotter.
Ainsi, dans une déclaration publiée mardi, "les deux blocs alliés de l'opposition demandent à toutes leurs structures de Conakry et des préfectures de l'intérieur du pays de refuser toute inscription sur la liste d'un quelconque soi-disant démembrement de la CENI et ce, jusqu'à nouvel ordre".
Les deux alliances justifient "cette position par le fait que la constitution des démembrements de la CENI dans le contexte actuel n'obéit à aucune disposition légale et se fait en violation du Règlement Intérieur de l'institution", selon elles.
L'opposition souligne que cette action "s'inscrit dans un programme qui découle d'un chronogramme d'élections rejeté par l'ADP et le Collectif mais elle fait appel aussi dans cette opération aux préfets, sous-préfets et maires qui ne devraient en aucune façon être impliqués dans la mise en place de démembrements qui relèvent exclusivement de la CENI".
L'opposition laisse toutefois entendre par rapport à sa position que "des instructions complémentaires seront adressées au moment opportun et de nouvelles dispositions éventuelles portées à la connaissance des responsables des fédérations respectives, au fur et à mesure de l'évolution de la situation".
Ce qui dénote que l'ADP et le Collectif ne seraient pas opposés à toute participation à cette recomposition, si jamais des concertations étaient ouvertes dans ce sens, commente un analyste politique sous le sceau de l'anonymat.
Mais à l'allure où vont les choses, maints observateurs sont unanimes sur le fait que le dialogue de sourds entre le pouvoir et l'opposition ne pourrait qu'affecter le processus électoral, qui devait en principe entrer dans sa phase active en ce mois de janvier.
Surtout que le président Alpha Condé a insisté là-dessus lors de son discours de nouvel an.Promettant que "les prochaines élections législatives dont la transparence et l'équité seront totales, vont permettre au peuple souverain de choisir ses représentants à l'Assemblée Nationale". Et qu'à l'issue de ces élections, "la Guinée aura enfin une représentation nationale digne de ce nom pour mener un débat démocratique libre, consensuel ou contradictoire, mais toujours constructif".
Alpha Condé avait saisi cette occasion pour annoncer qu'il "veillera particulièrement à la définition et à la mise en œuvre d'un statut de l'opposition dont la voix sera entendue et prise en compte dans la gestion des affaires publiques".
Toutefois, les lignes n'ont pas l'air d'avoir bougé dans la mise en place d'un cadre de concertation entre la classe politique guinéenne.
Et l'ADP et le Collectif semblent encore remontés contre le président de la Commission électorale national indépendante (CENI), Bakary Fofana, qu'ils accusent entre autres dans une déclaration publiée ce mercredi de " dissimulation depuis plus d'un mois du rapport final de la mission de vérification de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et de création d'un comité technique de révision du Fichier électoral dont la mission recouvre toutes les prérogatives techniques de la CENI qui se trouve ainsi dépouillée de l'essentiel de ses attributions".
L'opposition qui accuse le pouvoir de refuser par le "dialogue susceptible de décrisper le climat politique", devait organiser une conférence de presse ce mercredi pour annoncer des actions de "désobéissance civile", selon des sources proches de l'ADP et du Collectif.
Mais, le décès ce mercredi dans la matinée d'Amadou Oury Ditinn Diallo, secrétaire général du PUD, a conduit au report sine die de cette rencontre avec la presse.
La mouvance présidentielle qui souhaite une parfaite "réussite" des élections à venir, ceci grâce à la volonté du président Alpha Condé a adressé récemment une main tendue à l'opposition. C'était par l'entremise de Hadja Nantènen Chérif, ministre d'Etat à la présidence de la République, membre fondatrice du parti au pouvoir, qui lors des différentes manifestations qu'elle présidait dans des circonscriptions du pays, a invité l'opposition à se joindre au gouvernement pour travailler en harmonie, pour sortir la Guinée de l'ornière.