Après la phase des menaces, l'opposition guinéenne compte passer désormais à l'acte en invitant ses militants à prendre la rue dans les jours à venir, avec une remise au goût du jour des revendications portant sur l'affaire Waymark et le vote des Guinéens de l'étranger.
C'est du moins ce que le président de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), chef de file de l'opposition Cellou Dalein Diallo a laissé entendre lors d'une assemblée générale qui a réuni ses militants et partisans à son siège samedi dernier à Conakry, a-t-on appris de sources concordantes.
Le fait que le pouvoir n'ait pas encore cédé aux exigences de l'opposition portant sur le recrutement d'un nouvel opérateur technique chargé de gérer le fichier électoral, en lieu et place du sud-africain Waymark continue de diviser la classe politique guinéenne. Et les jours à venir pourraient être marqués par des actions de désobéissance civile.
L'opposition envisage de lancer ses partisans dans la rue pour réclamer le "départ de Waymark et pour obtenir une issue favorable au vote des Guinéens de l'étranger".
C'est Cellou Dalein Diallo qui a annoncé la nouvelle, sans toutefois définir le calendrier devant marquer le début de ces actions.
Mais des sources proches de l'Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) et le collectif des partis politiques pour la finalisation de la Transition, deux blocs alliés de l'opposition tout en confirmant ces dires du président de l'UFDG, prévoient la tenue d'une réunion pour ce mardi entre les leaders de ces blocs, avec pour principal thème la stratégie à adopter pour amener le pouvoir à lâcher du lest.
Dans les états-majors des partis de l'opposition, on assiste à une sorte de veillée d'armes, en prélude à ces manifestations de rue, devenue l'ultime arme de l'ADP et du Collectif pour se faire "entendre".
« Pourtant les populations semblent en avoir assez de ces querelles politiciennes », commente un sexagénaire, le dos voûté, au volant de son vieux taxi, qu'il est obligé de conduire tous les jours, à la recherche de sa pitance.
La plupart des citoyens interrogée par le reporter de Xinhua sur la crise sociopolitique qui obstrue l'horizon électoral, partage cet avis.
Il faut rappeler que dans sa plateforme revendicative, l'opposition dénonce une gestion "unilatérale" des affaires de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) par son président Bakary Fofana. Le reproche est fait à celui-ci d'agir sans consulter son staff.
A entendre pourtant le président guinéen s'exprimer à propos du fichier électoral, on a l'impression que le problème ne se pose nullement pas quant à la gestion de ce fichier.
Ainsi dans un entretien accordé à nos confrères de RFI lors du forum de Davos qui a clos ses travaux ce week-end, Alpha Condé a déclaré que le "fichier électoral ne posait aucun problème," et que les données biométriques avaient été transférées.
Il a annoncé que la CENI avait commencé à procéder à un pré- affichage des listes des électeurs, une étape qui sera suivie de la révision des listes électorales.
L'opposition guinéenne ne semble pas entendre les choses de cette oreille. Elle voudrait obtenir coûte que coûte le départ de Waymark, et son remplacement par un opérateur suite à un appel d'offres international.
Certains observateurs pensent que la classe politique guinéenne aurait à gagner en privilégiant la concertation que de recourir à la rue. Et que la transition n'a que trop duré.
Une sortie de crise sans heurts ni violence serait la plus souhaitable pour ce pays aux énormes potentialités, qui n'a besoin que de se développer par une synergie d'actions de tous ses fils.