Lors d'une réunion de la Commission marocaine pour la réforme des régimes de retraite tenue mercredi dernier, le chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane a déclaré que la réforme des régimes de retraite revêt d'un caractère urgent, tout en annonçant que la commission technique chargée de la réforme de ces régimes a élaboré une feuille de route qui propose la mise en place d'un régime de retraite bipolaire entre le public et le privé.
M. Benkirane a donné six mois à la Commission pour élaborer une vision globale de la réforme de ces régimes.
Réagissant aux propos du chef du gouvernement, les centrales syndicales marocaines ont fait remarquer que les conclusions et les visions contenues dans la feuille de route sont incomplètes et ont besoin davantage de réflexion pour l'élaboration d'une vision sur la réforme globale de ces régimes et rejeté une réforme au détriment des intérêts des adhérents.
Les syndicats ont également refusé l'augmentation de l'âge de départ à la retraite et des cotisations des adhérents, et appelé à la recherche de solutions solidaires dans le cadre d'une approche participative.
Les syndicats ont déploré la situation catastrophique dans laquelle se trouve la Caisse marocaine de retraite (CMR) qui serait dans l'incapacité de payer les pensions de ses retraités à partir de 2021.
La caisse est déficitaire depuis la fin 2012 et les revenus ne couvrant plus les dépenses (pensions versées aux retraités), ce qui l'oblige à recourir aux dividendes financiers.
Le rapport entre cotisants et bénéficiaires est passé de 12 contre 1 en 1983 à 6 contre 1 en 1997, puis à 3 contre 1 en 2011. Et cette tendance se poursuivra passant à 1 cotisant contre 1 retraité en 2032.
Le nombre des adhérents à la CMR frôle les 900.000 fonctionnaires avec un volume global de cotisations estimé à 20,29 milliards de dirhams en 2011, alors que le nombre des bénéficiaires compte 262.000 retraités, avec un volume de pensions payées de l'ordre de 16,5 milliards de dirhams contre des réserves
financières de 74 milliards de dirhams en 2011.
Ce qui risque de se produire à cause de ces déséquilibres, si rien n'est fait, c'est l'élévation du déficit, à 1,28 milliard de dirhams en 2014 puis à 24,85 milliards de dirhams en 2021 passant ensuite à près de 45,66 milliards de dirhams en 2030 pour atteindre 78,54 milliards de dirhams en 2061.
Pour sa part, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) connaîtra son premier déficit en 2021 et épuisera ses réserves financières en 2049, sachant que la caisse souffre de la non couverture d'une large frange de la population active, ce qui le prive d'une importante assiette financière et prive également cette catégorie de la couverture sociale (quelque 8,5 millions de personnes actives ne bénéficient pas de la couverture sur une population active totale de 10,4 millions de personnes).
Au Maroc, il existe trois caisses de retraite obligatoires : la CNSS pour les personnes du privé, la CMR pour les fonctionnaires de l'Etat et le Régime collectif d'allocation de retraite, géré par la Caisse nationale de retraite et d'assurance (CNRA) pour les personnes de la fonction publique non titulaires.
La Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR) est quant à elle facultative et assure un régime complémentaire aux salariés. Les cotisations sont à la charge de l'entreprise et de l'affilié, dans des proportions variant de moitié/moitié à un tiers/ deux tiers.