Le nouveau gouvernement tunisien piétine encore à cause de certaines divergences fondamentalement sur sa composition et ce, à deux jours de la date limite tolérée pour annoncer le nouveau cabinet et son programme soit vendredi 8 mars.
Entre temps, l'opposition se veut de plus en plus pessimiste quant à l'efficacité et la capacité du nouveau Premier ministre Ali Arayedh à diriger cette dernière phase de la transition appelant à faire recours à un gouvernement de sauvetage en tant que seule alternative pour arriver aux élections prévues pour fin 2013.
"Suite à l'avortement de l'initiative de l'ex-Premier ministre Hamadi Jebali de former un gouvernement apolitique, l'alternative est de former un gouvernement réduit composé de compétences nationales ayant, certes, une formation politique mais sans appartenance partisane aucune y compris pour ce qui est du chef du gouvernement", a indiqué mardi Taieb Baccouche, secrétaire général du parti "Nidaa Tounes (Appel de Tunisie) l'un des principaux partis de l'opposition.
Lors d'une conférence de presse de l'Union pour la Tunisie, M. Baccouche a insisté que le nouveau gouvernement attendu devra mettre au pic de ses priorités "l'élaboration d'un agenda préalable concernant son mandat et les dates des prochaines échéances électorale, la réactivation du dialogue impliquant les deux sociétés civile et politique du pays ainsi que l'engagement dans des mesures urgentes dans tous les domaines politiques et socioéconomiques".
L'Union pour la Tunisie qui a entamé officiellement ses activités le 15 février 2013 regroupe l'Appel de Tunisie, le Parti Républicain, la Voie démocratique et sociale, le Parti Socialiste et le Parti du Travail patriotique et démocratique.
Afin de pouvoir sortir de la crise que connaît la Tunisie, "il faut être porteurs de messages rassurants pour les Tunisiens", s' est exprimé le secrétaire général du Parti du Travail patriotique et démocratique Abderrazek Hammami. Deux conditions s'imposent " assumer la responsabilité en tant que dirigeant et éviter tout intérêt d'ordres clientéliste et partisan d'un côté et l' unification des rangs sous un projet national de sauvetage sans exclusion".
Evoquant le volet socioéconomique, la secrétaire générale du Parti Républicain Mme Maya Jéribi a dénoncé les récentes majorations notamment des prix des carburants et certains produits de consommation appelant dans ce sens à geler immédiatement les prix des produits et services dans l'attente de la mise en place du nouveau gouvernement.
Mme Jéribi a prévenu qu'"on ne peut pas parler de stabilité sécuritaire ni de prospérité en dehors de la neutralité des ministères de souveraineté essentiellement la Justice et l' Intérieur en plus de la dissolution des ligues de protection de la révolution" (des associations pro-islamistes).
Ainsi, a-t-elle insisté, "la violence en Tunisie a touché ses niveaux suprême l'assassinat politique en l'occurrence. On doit tirer les conclusion de cet électrochoc qui a secoué le pays et qui a été poursuivi par l'amplification des actes de violences ciblant notamment des établissements universitaires, des espaces publics (..)".
Les différentes interventions des secrétaires généraux de l' Union pour la Tunisie ont manifesté une insatisfaction quant au rendement du gouvernement sortant et des craintes quant à l' efficacité du nouveau gouvernement qui risque de refaire les mêmes erreurs. Ainsi, l'opposition ne parie pas mise sur la nouvelle composition gouvernementale qui, selon l'Union de la Tunisie, ne regroupera pas des vraies compétences spécialisées dans la gestion des crises, capable de réanimer la machine productive du pays et à la hauteur des attentes des Tunisiens.