L'attaque rebelle contre la localité centrafricaine de Bangassou (sud-est, plus du 400 km de Bangui) a été menée par les hommes de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), mouvement rebelle membre de la coalition Séléka, affirme un responsable de cette organisation qui a pris les armes en décembre pour renverser le pouvoir du président François Bozizé.
"Ce sont les éléments du CPJP fondamental de Noureddine Adam qui sont allés commettre cette infraction. C'est l'un des mouvements qui forment Séléka", a déclaré à Xinhua le colonel Michel Narkoyo, porte-parole militaire de l'alliance rebelle issu d'une autre faction, l'Union des forces démocratiques pour le changement (UFDR).
L'attaque contre Bangassou (à la frontière avec la République démocratique du Congo) a été perpétrée lundi matin, soit deux semaines après celle menée contre Sido (nord, à la frontière avec le Tchad), au moment où le nouveau gouvernement d'union nationale présidé par l'opposant Nicolas Tiangaye tente d'appliquer les accords de paix signés le 11 janvier à Libreville au Gabon.
Fermement condamnée par la direction de Séléka incarnée par Michel Am Nondokro Djotodia, ex-fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères et ex-consul à Nyala au Soudan, nommé Premier ministre en charge de la Défense nationale au sein du cabinet formé le 3 février, cette attaque suscite également des interrogations au sein de l'alliance rebelle, selon le colonel Narkoyo.
"Jusqu'à présent, nous aussi on se pose la question de savoir pourquoi ils ont attaqué la ville de Bangassou", fait savoir le responsable rebelle, indiquant cependant que les éléments du CPJP fondamental (moins de 200 hommes) ruminent leur colère d'avoir été écartés du gouvernement issu des accords de Libreville.
D'autres revendications du mouvement rebelle, les mêmes que celles régulièrement formulées par Michel Narkoyo lui-même et d'autres leaders de Séléka comme le coordonnateur international à Paris Eric Massi, portent sur la libération des détenus des détenus liés à la crise et le départ des troupes étrangères alliées du pouvoir, en l'occurrence les soldats sud-africains et ougandais.
En dehors de l'UFDR et du CPJP fondamental, Séléka est une coalition hétérogène de plusieurs mouvements rebelles et groupes armés qui comporte en outre le Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC) de Martin Koumtamadji connu sous le nom de guerre d'Abdoulaye Miskine, puis la Convention patriotique du salut kodro (CPSK).
A en croire Narkoyo, le général Noureddine Adam n'a pris pas part aux pourparlers de Libreville, placés sous l'égide des dirigeants de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC, à laquelle la République centrafricaine appartient).
"On est tous allés à Libreville, lui est resté à N'Djamena. C'est hier qu'on l'a emmené à Bangui", note le responsable rebelle.
"Nous sommes contre ces attaques. S'il y a des revendications, on doit s'asseoir autour d'une table et discuter", a-t-il ajouté, annonçant l'absence du pays de Djotodia, alors que se tenait mardi un conseil de cabinet avec au menu des débats sur les nouvelles attaques rebelles.
Outre son leader, Séléka compte quatre autres ministres au sein du gouvernement d'union nationale, un attelage constitué par ailleurs du camp présidentiel, de l'opposition démocratique à laquelle appartient le Premier ministre Nicolas Tiangaye, la mouvance politico-militaire et la société civile.