Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) à Bangui plaide pour l'ouverture d'un couloir humanitaire prévue par les accords de paix conclus le 11 janvier à Libreville au Gabon pour une sortie de crise en République centrafricaine (RCA) où une partie importante de la population se trouve dans le besoin d'assistance.
Avant la crise causée par l'offensive déclenchée en décembre 2012 par l'alliance rebelle Séléka contre le pouvoir du président François Bozizé, quelque 51.000 déplacés internes étaient recensés dans ce pays d'Afrique centrale. Avec les affrontements entre les deux parties, ce chiffre est en hausse, de nouveaux déplacements des populations ayant été observés dans plusieurs localités.
Faute d'une évaluation précise de la situation, les chiffres disponibles sont de simples estimations effectuées par des organisations humanitaires sur la base des localités visitées, informe Mbaiorem Djerassem, chargé des relations externes à la représentation nationale du HCR à Bangui, la capitale centrafricaine.
« Au niveau de Bria, on estime que 35% de la population est en déplacement, à Ndélé, 50%, à Kaga-Bandoro, 50%, à Kabo, 30%, à Bambari, 30%, à Sibut, 50%, Damara, 50%, Grimari, 70%, Mobaye, 80%. Sur les axes, soit Bambari-Ippy, Bambari-Alindao, Bambari-Kouango, on a une estimation de 30% », a communiqué Mbaiorem, joint mardi par Xinhua.
Sur la route Damara-Vangué, ces estimations sont établies à 80% de déplacés, soit le double de l'évaluation concernant l'axe Vangué-Sibut.
De l'avis du responsable des relations externes du HCR en RCA, la signature des accords de Libreville suivie de la formation d'un gouvernement d'union nationale avec à sa tête l'opposant Nicolas Tiangaye n'a pas ramené la sérénité au sein de ces populations qui continuent de vivre dans la peur et retranchées en brousse pour une grande partie d'entre elles, à une distance atteignant parfois 10 km de leurs villages.
« L'espace humanitaire, témoigne-t-il, est devenu suffisamment réduit. On ne peut pas travailler avec la présence des hommes en armes. Les axes sont occupés par les forces gouvernementales et les éléments de Séléka. L'accès aux populations reste un défi majeur pour nous ».
Le HCR déplore le pillage et la destruction de leur magasin de Bambari qui abritait un stock de vivres et de bien non alimentaires (couvertures, nattes, moustiquaires, jerricanes, ustensiles de cuisine et savons) destinés à quelque 3.000 réfugiés. « Les bureaux de tous les acteurs humanitaires ont été pillés et détruits. Certains bureaux sont squattés par des hommes en armes », précise-t-il.
Selon l'Organisation de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), quelque 120.000 enfants centrafricains sont aujourd'hui privés d'école à cause de cette crise dont les accords se mettent péniblement enoeuvre, comme par exemple l'opération de cantonnement en vue du désarmement des rebelles qui divise la direction et la base de Séléka.