Au lendemain des heurts entre agents de l'ordre et des groupes de salafistes (islamistes radicaux) dans plusieurs provinces tunisiennes, le chef de la mouvance salafiste-djihadiste "Ansar Chariaa" (partisans de la loi islamique) Seif-Allah Ben Hussein, alias Abou Iadh, a menacé de mener une guerre contre le gouvernement tunisien dirigé par les islamistes du mouvement "Ennahdha" (Renaissance).
Dans un communiqué publié lundi sur la page Facebook de son groupe "Ansar Chariaa", le chef du courant salafo-djihadiste en Tunisie a accusé le gouvernement de son pays d'opter pour une politique qui ne répond pas aux dispositions et consignes de la religion islamique.
Faisant allusion aux autorités tunisiennes ayant empêché des activités salafistes, Abou Iadh a averti qu'il déclenchera une guerre contre le gouvernement. "Aux Tawaghit (tyrans) qui se veulent des islamistes, sachez que vous êtes en train de commettre une grosse erreur qui vous bascule prématurément dans la guerre (.. )votre guerre ne cible pas nos jeunes mais plutôt elle est contre la religion islamique", a averti Abou Iadh.
Recherché depuis septembre dernier, Abou Iadh est désormais le numéro un de l'association "Ansar Chariaa" connue, selon la presse locale, comme l'un des organes les plus radicaux du salafisme- djihadisme (branche qui défend et s'engage dans la guerre sainte). Abou Iadh fut soupçonné d'être impliqué dans l'attaque ciblant l' ambassade des Etats-Unis le 14 septembre 2012.
La réaction du leader des "partisans de la loi islamique" faisait suite à un bras de fer entre les salafistes-djihadistes liés à Al-Qaïda d'un côté et les forces de sécurités et l'armée nationale tunisienne de l'autre côté. Cette dernière mène actuellement une large opération de ratissage sur le front centre- ouest avec l'Algérie à la chasse d'un groupe de terroristes.
Intervenant dans ce cadre, Abou Iadh a fortifié sa tonalité face aux autorités tunisiennes. "Le soutien des Etats-Unis, de l' Occident, de la Turquie et du Qatar ne vous sauvera pas la peau une fois les sabres se font entendre", réagit Abou Iadh rappelant que ses "jeunes héros" se sont autant sacrifiés "au service de l' Islam en Afghanistan, en Tchétchénie, en Bosnie, en Irak, en Somalie et en Syrie" qu'ils puissent le faire sur leur propre territoire précisément à Kairouan, une province du centre tunisien connue dans l'histoire pour être l'une des principales capitales de la civilisation islamique.
La menace d'Abou Iadh de mener une guerre contre le gouvernement de son pays ne ferait que nourrir une spirale de violence à quelques jours de la tenue d'un congrès annuel des " partisans de la loi islamique" prévue le 19 mai courant à Kairouan. Le ministère tunisien de l'Intérieur avait conditionné l' organisation de ce congrès avec l'obtention d'une autorisation au préalable par les organisateurs ce qui est désormais le cas pour toute activité publique des partis et associations.
Malgré les strictes restrictions des autorités tunisiennes, le chef des "partisans de la loi islamique" Abou Iadh a défié le ministre tunisien de l'Intérieur en incitant les "guerriers de Dieu" (salafistes-djihadistes) à "tenir bon devant les ennemis et les amis (..) et à ne pas abandonner ce qui a été acquis". Au même temps, Abou Iadh appelle les dirigeants islamistes à faire prévaloir la raison "avant que le pacte ne soit brisé bien que je prévois sa rupture", toujours selon le numéro de la mouvance salafiste-djihadiste "partisans de la loi islamique" en Tunisie.