Le Tchad qui héberge des centaines de milliers de réfugiés soudanais et centrafricains depuis une dizaine d'années, est confronté à un nouveau rush.
Si les autorités nationales et les organisations humanitaires louent les efforts faits pour accueillir ces personnes vulnérables, celles-ci réclament plus d'espoir, de dignité et de justice.
"Le Tchad continue à s'associer au reste des pays, pour apporter sa contribution et sa solidarité aux milliers des réfugiés dans le monde et à ceux qui sur son territoire dont les défis de protection interpellent tous les acteurs humanitaires", déclare Tchonaï Elimi Hassan, ministre tchadien de l'Intérieur et de la Sécurité publique
Se basant sur le thème retenu de la Journée internationale des réfugiés cette année 2013 intitulé "Une famille déchirée par la guerre, c'est déjà trop", il exhorte "la communauté internationale à oeuvrer davantage en vue de contribuer à la réduction des misères et souffrances des réfugiés, des retournés, des déplacées internes et faire en sorte que des familles ne se déchirent plus par la guerre et d'autres conflits par le fait de l'Homme".
Depuis 2003, le Tchad accueille sur son territoire plus de 300. 000 réfugiés soudanais du Darfour qui sont installés dans les 13 camps à l'Est du pays et plus de 60.000 réfugiés centrafricains dans 5 camps au Sud. A cela, s'ajoute quelques milliers des réfugiés urbains de différentes nationalités.
Outre la protection internationale, le gouvernement tchadien assure la sécurité physique de ces personnes réfugiées de même que la sécurité des humanitaires et de leurs biens sur l'ensemble des zones d'accueil.
Mme Aminata Gueye, représentant au Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés (UNHCR) salue "la magnanimité et l'hospitalité du peuple et du gouvernement tchadiens qui accueillent depuis 10 ans cette population vulnérable qui a trouvé refuge au Tchad", ainsi que l'effort des bailleurs de fonds qui soutiennent les actions de son organisation "en dépit de la conjoncture économique difficile et au moment où [ils accueillent] de nouveaux réfugiés provenant des pays voisins".
En effet, suite aux violences intercommunautaires survenues au début de l'année 2013 au Darfour, 30.000 réfugiés soudanais et 20. 000 retournés tchadiens ont été accueillis respectivement à l'est du Tchad, ainsi que 7.000 centrafricains au sud fuyant les troubles politiques dans leur pays.
Mi-avril, le chef de la diplomatie tchadienne, Moussa Faki, avait appelé au "soutien indispensable" des pays et des organisations à ses côtés pour faire face à cette situation humanitaire extrêmement préoccupante.
La Chine a volé au secours de ce pays d'Afrique centrale en remettant un chèque de 51 millions F CFA (environ 102.000 USD). " La valeur est modeste, mais c'est le geste qui compte", avait indiqué à Xinhua le chargé des affaires de l'ambassade de Chine au Tchad, Qian Jin.
"Beaucoup de Tchadiens ont expérimenté l'exil, donc mieux placés pour aider les réfugiés à surmonter cette déchirure et à se reconstruire en attendant leur retour. Ils ont besoin de solidarité, d'écoute et non de pitié ou de charité. Ils ont besoin de travailler, de gagner leur vie pour retrouver leur dignité et de s'occuper eux-mêmes de leurs familles. Ils peuvent contribuer au développement du Tchad, en attendant leur retour définitif dans leurs pays d'origine", a indiqué Mme Aminata Gueye.
La représentante de l'UNHCR demande aux Tchadiens de se mettre dans la peau d'un réfugié et réfléchir à comment appuyer les réfugiés et à penser leurs blessures en attendant une reprise de la stabilité dans leurs pays d'origine.
"Ailleurs, les réfugiés apportent leurs expériences, leurs espoirs, leurs rêves et leurs compétences permettant de bâtir des sociétés plus riches et plus prospères. Mais pourquoi pas au Tchad? Comme tout être humain, nous les réfugiés avons aussi droit à l'espoir, à la dignité et à la justice. Hélas, ces principes sont parfois pour nous, des vains mots", a déploré Ganga-Gia, président du Comité Central des Réfugiés Urbains de N'Djaména.
Il a ajouté qu'au Tchad, et à N'Djaména en particulier, les réfugiés qui ont fini leurs études primaires n'ont pas accès aux études secondaires et universitaires, parce que la priorité est donnée à l'école primaire; ceux qui ont des diplômes n'ont pas accès à l'emploi; la carte de réfugié n'est pas reconnue par les institutions nationales ni par quelques agents des forces de l'ordre, etc.
"Personne n'a choisi de devenir refugié. Vous conviendrez avec moi cette plainte qui est l'expression totale de notre déchirement socio-psychologique", a conclu Ganga-Gia.