La campagne pour le premier tout des présidentielles du 28 juillet du Mali a été officiellement lancé dimanche 7 juillet. Les favoris comme Ibrahim Boubacar Kéita dit IBK (RPM), Soumaïla Cissé (URD), Modibo Sidibé (FARE), Dramane Dembélé (ADEMA) ont jeté leur dévolu sur des stades plus ou moins remplis.
La grande mobilisation est à l'actif d'IBK qui avait donné rendez-vous à ses partisans et sympathisants au stade du 26 Mars de Yirimadio, le plus grand stade du Mali (50 000 places assises) qui a presque fait le plein. Au même moment, Soumaïla Cissé ouvrait sa campagne au stade Baréma Bocoum de Mopti. Un événement écourté par la pluie.
Quant à Modibo Sidibé, il s'est officiellement lancé dans la conquête des voix au stade Abdoulaye Macoro Sissoko de Kayes. Le candidat de la première force politique du pays, Dramane Dembélé de l'ADEMA, avait opté pour le stade Babemba Traoré de Sikasso. Un choix stratégique, car cette région du sud est celle qui compte le plus d'électeurs. Elle est donc naturellement très convoitée par tous les candidats. On se rappelle que le président déchu, Amadou Toumani Touré, y avait lancé sa campagne en 2002.
Quant à ceux qui sont considérés comme de gros outsiders par les observateurs, ils ont souvent préféré la sobriété de certaines infrastructures sportives de petite envergure ou des hôtels de Bamako.
L'unique candidate, l'Honorable Aïchata Cissé Haïdara, a pour sa part symboliquement organisé une caravane à travers la capitale malienne pour arranger ses admirateurs, notamment les femmes et les jeunes. Elle projette de parcourir tout le pays et des pays abritant d'importantes colonies de Maliens.
« Les Maliens s'attendaient au moins à ce que l'un des favoris lance officiellement et symboliquement sa campagne à Tombouctou ou Gao. Cela aurait été la preuve de leur attachement à l'intégrité territoriale. Malheureusement, aucun d'eux n'y a pensé ou a osé aller dans ce sens », pense Cheick Traoré, un juriste du pays.
Ce qu'il faut retenir de ces différentes cérémonies de lancement, c'est que les ténors de la scène politique malienne ont déjà sorti la grosse artillerie et affiche des ambitions plus ou moins réalistes. Ainsi, paix, sécurité, éducation, emploi et développement ont été les axes majeurs abordés dans leurs discours de lancement.
« Nous prévoyons entre autres, d'aménager 1.500 ha sur 35 sites dans la région de Kayes. L'impact attendu de ces aménagements est d'assurer la souveraineté alimentaire de 250.000 habitants et la création de 15.000 emplois directs et 27.000 emplois indirects notamment pour les jeunes et les femmes. ..Nous établirons notamment un Pacte national pour l'emploi rural qui devrait toucher plus de 600 000 jeunes issus des 12 000 villages et fractions du pays », a entre autres promis Modibo Sidibé.
« Je m'engage publiquement à créer 500.000 emplois pour les jeunes, dans les cinq prochaines années. Cela en plus du financement de 500.000 projets pour les femmes au cours de mon mandat », s'est aussi engagé Soumaïla Cissé de l'URD.
« Pour l'honneur du Mali, je rétablirai la sécurité sur l' ensemble de notre territoire. Je serai le garant de la sécurité de tous les Maliens.. Pour moi, la sécurité n'a pas de prix. Pour la garantir, je veux reconstituer une capacité de défense et de surveillance du territoire. Désormais, aucun groupe terroriste ou criminel ne franchira la frontière du Mali sans trouver devant lui les forces armées nationales en position de combat. Je le dis, je le ferai ! Inch Allah ! », a laissé entendre Ibrahim Boubacar Kéita du RPM.
IBK promet aussi un renforcement du secteur de l'éducation, la création d'une agence du management public et de maisons de service public pour assurer les missions de l'Etat auprès des citoyens. Ainsi qu'une « tolérance zéro » en matière de lutte contre la corruption.
« Ce ne sont que des promesses. Et Les promesses électorales n'engagent que ceux ou celles qui croient », souligne Kader Toé. Un avis largement partagé par de nombreux observateurs qui rappellent qu'aucun des candidats ne dit clairement comment il compte agir pour tenir ses promesses, notamment comment ils comptent financer tous ces projets.
Quant au candidat du Partie pour la Renaissance nationale ( PARENA), Tiébilé Dramé, il martèle que l'heure est au « changement ». Et pour lui, cela passe par la refondation de la démocratie au Mali. Ainsi, le mandat du prochain chef de l'Etat devrait être écourté (4 ans au lieu de 5) pour servir de transition vers la 4e République.
Pour M. Dramé, cette nouvelle République, issue d'une réforme institutionnelle et constitutionnelle, verra l'élection du président par les députés d'un parlement monocaméral. Il justifie cette option par « le coût exorbitant de la tenue de l'élection présidentielle tous les 5 ans.. Les milliards empruntés à cet effet peuvent largement être mieux utilisés, par la construction de plus de lycées publics, par exemple ».
Par ailleurs, le PARENA aurait introduit une saisine au près de la Cour constitutionnelle pour demander un report de l'élection présidentielle programmée le 28 juillet 2013. Par ce recours, cette formation dénonce « la non prise en compte de 350 mille jeunes majeurs exclus du processus électoral qui est pourtant un droit constitutionnel au Mali quand on a 18 ans ».
Dans le cadre des activités marquant le début de sa campagne, les proches de l'ex-Premier ministre Cheikh Modibo Diarra ont organisé un meeting à Korofina, en commune I du district de Bamako. Présidée par le candidat lui-même, cette rencontre fut une occasion pour ce dernier d'échanger avec les militants sur sa vision et sa manière de gérer les affaires une fois élu à la tête du pays.
Les proches du candidat ont profité de l'événement pour revendiquent une pétition de plus de 3 millions de signatures favorables. Une façon de dire aux autres chapelles qu'il faudra compter avec leur favori.
Et dans une adresse à l'occasion de la libération totale du territoire malien (avec la présence de l'armée malienne à Kidal), prononcée dans la soirée du dimanche, le président Dioncounda Traoré a promis de rencontrer bientôt les 28 candidats en lice.
« Je vais rencontrer ceux et celles qui ont été retenus par la Cour Constitutionnelle pour briguer le suffrage de leurs concitoyens et que je félicite d'ores et déjà pour leur courage et leur dédicace au Mali », a déclaré président de la République par intérim.
« Je sonne donc la mobilisation générale des Maliennes et des Maliens, de l'intérieur comme de l'extérieur, pour le succès des prochaines élections, comme ils ont su si bien le faire pour la libération de notre territoire », a-t-il ajouté.
Et le Pr. Traoré espère pouvoir s'adresser encore à ses compatriotes, « le jour de l'investiture du 3e président démocratiquement élu de notre Pays, dans quelques semaines avec la mise en oeuvre du second volet de notre feuille de route » .