L'opposition guinéenne a exigé vendredi l'ouverture immédiate d'une enquête sur les événements malheureux survenus à N'Zérékoré, pour d'identifier les personnes impliquées dans ce massacre afin de diligenter leur traduction devant les juridictions compétentes du pays, a déclaré Aboubacar Sylla, porte-parole de l'opposition.
Il a déploré les affrontements intercommunautaires qui affectent depuis lundi dernier, les préfectures de N'zérékoré et de Beyla, dont le bilan s'est soldé par plus de cinquante morts, plus de cent blessés, des dégâts matériels d'une ampleur sans précédent avec la destruction d'édifices religieux ainsi que de maisons d'habitation.
Toutefois, le porte-parole a estimé que l'impunité dont bénéficient les auteurs de violences se perpétue dans le pays, en dépit des déclarations d'intention des autorités actuelles, favorisant ainsi la répétition de ce type de conflits dans les régions et creusant le lit d'une véritable désintégration d'un tissu social déjà soumis à rude épreuve par "une gouvernance politique et sociale chaotique".
Au nom de la classe politique de l'opposition guinéenne, Aboubacar Sylla a dénoncé "le laxisme" du pouvoir vis-à-vis de toutes les violations des droits humains et l'absence d'un vrai dialogue social ainsi que l'inexistence d'une réelle politique de réconciliation nationale contribuent ainsi à creuser la césure béante qui sépare aujourd'hui les différentes composantes de la nation guinéenne.
Selon lui, la manière dont le gouvernement guinéen a traité le conflit interethnique et interreligieux a été qualifié de méthode inappropriée, eu égard au retard dans le rétablissement de l'ordre public, l'envoi sur les lieux d'une délégation officielle de composition et de niveau inopportuns, le voyage à l'étranger du chef de l'Etat Alpha Condé alors que la crise était à son paroxysme ainsi que l'absence de tout programme de prévention de conflits dans une région dont le potentiel de violence est notoirement connu.
Dans le souci de résoudre définitivement le conflit, M. Sylla a appelé au sens de responsabilité des leaders d'opinion, des sages et religieux ainsi que de l'ensemble des citoyens guinéens pour leur demander de s'inscrire dans une vraie dynamique d'apaisement et de réconciliation nationale.
Pour sa voix, les leaders de l'opposition ont exprimé leur compassion à l'endroit des blessés et leur désolation pour les biens matériels détruits, en particulier pour l'incendie et la démolition de lieux de culte.
"Le peuple de Guinée doit rester uni et solidaire afin de préserver la paix et la cohésion nationale qui constituent le substrat sur lequel doit se bâtir tout développement économique et social susceptible d'assurer à tous les Guinéens le bien-être et la prospérité", a-t-il conclu.