Les principaux leaders de l'opposition guinéenne émettent des réserves sur le fichier électoral conçu par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) par le truchement de l'opérateur sud-africain Waymark Sabary.
Ceci à deux semaines des élections législatives prévues pour le 24 septembre. Ces critiques visent surtout le "dédoublonnage dont les résultats ne sont toujours pas communiqués par la CENI, le découpage électoral qui aurait conduit à la réduction du nombre de vote dans certains fiefs de l'opposition".
Face à une telle situation, l'opposition menace de se retirer du processus électoral. C'est du moins ce qu'a affirmé ce lundi Sydia Touré, ancien Premier ministre dans une déclaration radiodiffusé.
Faisant allusion à l'état actuel du fichier électoral, qu'il considère comme "truffé d'irrégularités", l'opposant qui avait l'air très amer a déclaré : "Nous n'allons pas accepter n'importe quoi. Car la mauvaise foi devient la règle pour certains".
Dans sa déclaration, Sydia Touré est revenu sur "son constat" dans des localités visitées lors d'une tournée effectuée récemment en provinces, dans le cadre de la campagne électorale. D'après le leader de l'Union des forces républicaines (UFR), des "bureaux de vote fictifs" ont été décelés par l'opposition dans certaines circonscriptions électorales.
Ce qui l'amène à dire que "la date n'est pas fétichiste en soit", pour ce qui est de la question de savoir si l'opposition allait demander le report du vote, afin de "corriger éventuellement ces anomalies".
D'après toujours Sydia Touré, l'opposition n'attendrait que le résultat de la réunion du comité de suivi de l'accord du 3 juillet, avant de prendre une ultime décision sur son retrait ou pas du processus électoral. Cette réunion prévue ce lundi permettra de lever l'équivoque sur le dédoublonnage et les listes d'émargement, selon nos informations.
L'interruption brusque de la tournée du chef de file de l'opposition, qui a rallié Conakry le samedi dernier serait due à cette polémique qui enfle autour du fichier électoral, a-t-on appris de sources proches de son parti.
Cellou Dalein Diallo est revenu afin que ses pairs et lui puissent coordonner leur position à partir de ce lundi, pour ce qui est de la décision à prendre par rapport à la suite du processus électoral.
On se souvient qu'il y a une semaine, des menaces de reprendre la rue avait été proférées par cette même opposition. En vue de protester contre ce qu'elle qualifie de "dysfonctionnements " au niveau de la conception du fichier électoral.
Pour le moment, cela ne serait pas à l'ordre du jour, mais les opposants voudraient plutôt exiger de la CENI la publication du fichier, afin de permettre aux électeurs d'être situés sur leurs bureaux de vote, et corriger éventuellement les "erreurs" qu'ils pourraient avoir au niveau du découpage électoral.
Réponse du berger à la bergère, Moustapha Naité, porte-parole du parti au pouvoir, a répliqué aux allégations de l'opposition, en affirmant ce lundi "qu'il s'agit là certainement d'une sorte d'amertume, dans un combat perdu d'avance".
Vu le poids du rouleau compresseur de la mouvance présidentielle, qui va écraser tout sur son passage, lors de ces élections législatives.
Pour sa part, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a profité d'un atelier de renforcement des capacités opérationnelles des représentants de ces démembrements, qui s'est déroulé du 6 au septembre à Kindia, ville située à 150 kilomètres de la capitale, pour livrer la cartographie électorale.
Celle-ci porte sur 11 998 bureaux de vote pour 5 millions 94 664 électeurs.
L'institution a aussi annoncé le démarrage de la distribution des cartes électorales à compter du 11 septembre. Une opération qui va se poursuivre jusqu'à la veille du scrutin prévu le 24 septembre.
A mesure qu'on avance du jour J, la polémique autour du fichier électoral ne faiblit pas. De quoi faire planer l'incertitude sur la tenue de ce vote à la date indiquée.