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Mali: les insurrections armées dans le nord du pays ne sont pas cycliques, endémiques, ethniques ou raciales

( Xinhua )

23.12.2013 à 08h53

La recrudescence des insurrections armées apparaît comme l'une des constances majeures de la vie politique malienne depuis l'indépendance en 1960, ce qui n'autorise pas à leur attribuer un caractère cyclique, endémique, ethnique ou racial, tout comme à dire que ce sont des rébellions qui impliquent toute la communauté touareg, a affirmé samedi l'ancien Premier ministre malien Ahmed Mohamed Ag Hamani lors d'une conférence.

Cette conférence-débats organisée par l'ancien président de l'Assemblée nationale du Mali, Aly Nouhoum Diallo, et ses camarades de la COMODE (Coordination malienne des organisations démocratiques) avait pour thème : "La rébellion de l'Adrar des Ifoghas".

Dans son exposé, M. Hamani a affirmé que de son indépendance à nos jours, "le Mali est à quatre épisodes, disons plutôt générations de 'rébellion' (1963-1964 ; 1990-1994 ; 2006 et 2012..."

Celui-ci a rappelé que "le 14 mai 1963, une 'altercation' entre des gardes-goums et Elladi Ag Alla, fils d'Alla Ag El Bechir assassiné par le colonisateur suite à une rébellion contre le régime colonial, déclencha une jacquerie dans l'Adrar Ifogahs'", ajoutant qu'"elle ne concerna qu'une petite partie de Kel Adar (une communauté, nldr) qui revendiquait le maintien du rôle prépondérant dont bénéficiait leur chef pendant la colonisation française".

Le conférencier a précisé que cette révolte "se concentra sur Kidal, les Touareg Iwellemmeden Kel Ataram de Ménaka, Kel Antesar et Tenguereguif de Tombouctou, Goundam... restant à l'écart du mouvement (..)".

Après plusieurs rappels, le même conférencier a fait une analyse de la situation à partir de laquelle, celui-ci a affirmé : "La recrudescence des insurrections armées apparaît comme l'une des constances majeures de la vie politique malienne depuis l'indépendance".

"Cela nous autorise-t-il à leur attribuer un caractère cyclique, endémique, ethnique ou racial ?", "Est-ce vraiment des rébellions qui impliquent toute la communauté touareg ?", s'interroge M. Hamani.

A son avis, "la réponse est assurément non. Elles ont toutes pris naissance dans l'Adrar des Ifoghas et ne mobilisent même pas toute la communauté targui de Kidal qui représente à peine 52 000 personnes selon les statistiques du RGPH (recensement général de la population, ndlr) de 2009".

"Aujourd'hui, comme en 1963, le caractère autonomiste est plus que réaffirmé contrairement en 1990 et en 2006 où les rebelles n'avaient pas de revendication politique explicite", a-t-il fait remarquer lors de la conférence avant de poursuivre : "c'est dire que les acteurs ne sont plus les mêmes bien qu'ils soient issus des mêmes communautés d'origine. Ici, le projet a été nourri politiquement par de nouveaux acteurs qui ont pu se liguer avec des combattants en arme n'adhérant pas aux Accords de Tamanrasset, au Pacte national et à l'Accord d'Alger".

D'après le conférencier, "il convient de souligner que ces différentes crises apparaissent dans des circonstances où les pouvoirs politiques sont soit en construction sur fond de réforme institutionnelle (1963-1994, 2007, 2012), soit en transformation au moment où ils renouent à la démocratie et à la décentralisation (1990)".

Par ailleurs, il est à noter qu'un accord préliminaire a été signé le 18 juin 2013 à Ouagadougou entre le gouvernement malien et les groupes armés du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et du Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), dans le but notamment de tenir les élections présidentielles dans un climat de paix.

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