Dernière mise à jour à 13h29 le 29/08
Le nouveau Premier ministre bissau-guinéen Baciro Dja tente de négocier avec le Parti de la Rénovation sociale (PRS), deuxième force à l'Assemblée nationale, en vue de former un nouveau gouvernement, rapporte la presse locale.
Cette manœuvre consistant à contourner le PAIGC, parti majoritaire au parlement, a peu de chance d'aboutir, selon les observateurs, d'autant que le PRS a déjà pris position pour le respect de la constitution par le président de la République, José Mario Vaz, qui a refusé de reconduire le Premier ministre Domingos Simoes Pereira, qu'il a limogé le 12 août, arguant de divergences avec lui.
La constitution bissau-guinéenne stipule que c'est le parti vainqueur des législatives (c'est-à-dire le PAIGC qui avait remporté les élections de 2014) qui doit désigner le Premier ministre.
Or, M. Dja n'a pas été désigné par les instances du PAIGC, contrairement à son prédécesseur, mais seulement par le président de la République, même s'il en est membre, tout comme le chef de l'Etat.
Déjà, l'Assemblée nationale de la Guinée-Bissau a voté une résolution demandant la mise à l'écart du Premier ministre Baciro Dja, alors que la société civile a déclenché une opération de désobéissance civile.
On note toutefois qu'une délégation du PRS est depuis mercredi dernier en Gambie, pays dont le président Yaya Jammeh a offert sa médiation dans la crise en Guinée-Bissau.
Le PAIGC, au pouvoir, a décliné l'invitation de M. Jammeh qu'il soupçonne de parti pris.
Devant le blocage qui perdure, certains analystes pensent que la solution à la crise passera nécessairement par la Cour suprême qui devrait se prononcer sur la légalité de la décision du président de la République de nommer M. Dja.
En attendant, le PAIGC a rencontré jeudi les leaders religieux en vue de trouver une solution à la crise actuelle.
"Cette réunion avait pour objectif de promouvoir une meilleure compréhension entre les parties en conflit", a déclaré José Lampra Cá, évêque auxiliaire du diocèse catholique de Bissau.
En attendant, la Guinée-Bissau est sans gouvernement depuis deux semaines et cette situation commence à inquiéter la population.
"Nous sommes préoccupés parce que les difficultés de la vie augmentent chaque jour avec une inflation galopante et une criminalité qui croit également", a déclaré Mario Vieira, un avocat.
L'ambassadeur des Etats-Unis avec résidence à Dakar, appelle ce jeudi les acteurs politiques nationaux au dialogue afin de surmonter la crise politique.
"Un dialogue ouvert et franc est nécessaire", a déclaré James Petter à sa sortie d'une rencontre avec le Chef de l'Etat, José Mário Vaz.
"Les Bissau-Guinéens doivent sauver la croissance économique enregistrée pour le bien de tous", a-t-il affirmé.
L'ambassadeur américain a déclaré qu'il avait reçu toutes les assurances du président José Mario Vaz qu'il va respecter la constitution.