Dernière mise à jour à 08h51 le 29/01
L'année 2016 pourrait bien être l'année la plus difficile qu'ait connue le Maroc depuis 15 ans. Le Haut-Commissariat au Plan du Maroc (HCP) vient en effet de revoir à la baisse ses prévisions de croissance à 1,3%.
À peine supérieur à ce qu'avait prédit le Centre marocain de conjoncture (CMC) (1,2%), ce faible niveau de croissance serait la conséquence du repli de l'activité agricole à 12,7%, rejoignant ainsi celui des campagnes agricoles des années de sécheresse.
De leur côté, les activités non agricoles ne pourront contribuer que modestement à la croissance avec un taux de croissance de 2,2%. Le Haut Commissaire au Plan du Maroc Ahmed Lahlimi Alami a souligné que la campagne 2015-2016 risque, ainsi, de figurer parmi les années les plus sèches qu'ait connues le pays. Lors de ces deux années, la valeur ajoutée agricole avait connu une baisse de 41% et 20,8% respectivement. "Nos prévisions pour 2016 porteraient cette baisse à 10,2%, avant de les réviser ultérieurement, dans l'hypothèse d'une amélioration espérée des conditions climatiques pendant les mois de février et de mars", a-t-il précisé.
M. Lahlimi a expliqué que l'effet de la sécheresse sur l'activité agricole devrait, toutefois, être amorti en 2016, par l'amélioration relative des cultures irriguées et de la production arboricole, cette dernière devant être favorisée par l'effet d'alternance de son cycle de production. Il devrait être, également, amorti par l'appoint des réserves de fourrages et de trésorerie des agriculteurs, consécutivement à la bonne année 2015 et ce, sur fond de renforcement des programmes d'investissement et de l'appui technique et financier du Plan Maroc Vert.
Le Haut Commissaire au Plan du Maroc retient également que l'analyse de la situation économique nationale en 2015 et ses perspectives en 2016 mettent en exergue un net ralentissement des activités non agricoles dans un contexte caractérisé par une inflation faible. Cette analyse fait également ressortir un rétablissement progressif des équilibres macroéconomiques, particulièrement celui des finances extérieures accompagné d'une tendance à la hausse du taux d'endettement, a noté M. Lahlimi.
Outre le ralentissement des services, l'activité hors agriculture a été affectée par les faibles performances du secteur secondaire, dominé par les activités traditionnelles, à l'image des industries du textile-habillement et de l'agroalimentaire, dont la part dans le total exporté n'a cessé de baisser, pour se situer à 29% en 2015, au lieu de 40% en 2007.
Les secteurs émergents au Maroc, comme l'automobile et l'aéronautique, dont la production connaît une dynamique remarquable depuis 2010, ont, certes, amélioré le niveau de compétitivité des exportations du pays, mais ne parviennent pas à créer un effet d'entraînement sur l'appareil productif et à relever, ainsi, substantiellement la valeur ajoutée du secteur non-agricole.
"Au total, avec un accroissement de la valeur ajoutée agricole de 14,2% et de la non-agricole de 1,8%, nos estimations concluent à une croissance économique globale de 4,4% en 2015, celle que nous avons prévue en juin dernier", a déclaré M. Lahlimi.
Dans ces conditions, la demande intérieure continuerait à marquer un ralentissement notable, en raison d'un effort d'investissement moins soutenu et d'une baisse de régime de la consommation. Dans ce cadre, les dépenses de consommation des ménages croîtraient, ainsi, de 2,9%, un rythme parmi les plus faibles enregistrés au cours des huit dernières années.