Dernière mise à jour à 16h32 le 14/02
La journée du vendredi 12 février été cauchemardesque pour les forces armées maliennes et onusiennes établies au nord du Mali, constatent les observateurs.
En effet, six Casques bleus guinéens de la MINUSMA (mission de paix de l' ONU) et trois soldats maliens ont été tués vendredi dans le nord du Mali au cours de deux attaques séparées.
Si l'embuscade contre les Forces armées maliennes entre Tombouctou et Goundam n'a pas encore été revendiquée, l'assaut contre le camp de la MINUSMA à Kidal (nord-est) l' a été par le groupe Ançar Dine d'Iyad Ag Ghali.
Une revendication a été faite à travers un communiqué diffusé par l' agence de presse privée mauritanienne Al-Akhbar.
Le groupe terroriste indique qu' il a fait "exploser un véhicule chargé d' explosifs au sein de la base appelée Kandi, au cœur de Kidal, siège des Français (de la mission Barkhane) et de la MINUSMA" et a fait "des dizaines de morts".
Cette revendication ne constitue pas une surprise pour les observateurs. Un attaché militaire d'une chancellerie occidentale à Bamako estime que cette attaque pourrait être "une riposte d' Ançar Dine après l' entrée de GATIA (groupe d' autodéfense pro-Bamako) à Kidal et la signature d' un accord de coexistence pacifique avec son rival, la CMA (groupe armé ex-rebelle)".
Une autre raison de cette attaque est que, selon l'officier qui a requis l'anonymat, "Iyad a officiellement déclaré la guerre à ce qu' il appelle les forces d' occupation, en l'occurrence la Minusma et Barkhane ainsi qu' aux forces armées maliennes".
Il apparaît de plus en plus que la région de Kidal, qui échappe à l'autorité centrale, est le verrou pour accéder à la paix au Mali et que la communauté internationale doit aider le pouvoir central à la ramener dans le juron de la République du Mali à tout prix.
Vendredi, au cours d' une conférence de presse avec le chef de l'Etat allemand Joachim Gauck (en visite de quelques heures au Mali), le président malien Ibrahim Boubacar Kéïta a rappelé la nécessité de "la restauration de
l'autorité de l'Etat à Kidal", bastion de l' ex-rébellion.
"Il faut trouver une solution à cela. Kidal ne va pas rester comme ça, une plaie béante au flanc du Mali où des agressions sont commises quotidiennement et que la communauté internationale et nous-mêmes restons comme ça à observer cela, non!", a martelé IBK.
C' est la première fois que le chef de l'Etat malien abordait la situation de Kidal depuis l'accord signé le 6 février dernier entre la CMA et la Plateforme pour une coexistence pacifique dans cette ville visiblement très convoitée par toutes les parties de la crise sécuritaire au Mali, y compris Ançar Dine.
Le président allemand, dont le pays dirige la Mission européenne de formation de l' armée malienne (EUTM) et compte envoyer jusqu' à 650 militaires supplémentaires au sein de la Minusma, s' est dit conscient "que la menace pèse toujours" sur le Mali.
"Mais la situation était pire il y a quelques années. Et c'est l' intervention de nos amis français qui a été décisive pour arrêter les terroristes", a rappelé Joachim Gauck en référence à l'Opération Serval lancée en 2013 par la France pour freiner l' avancée des islamo-terroristes au Mali.
Malgré la signature d'un accord pour la paix et la réconciliation, la paix reste encore un mirage au Mali où les attaques de présumés djihadistes se sont succédées cette semaine dans le nord et le centre du Mali.
C'est ainsi qu' un douanier et deux civils ont été tués jeudi à Hombori (centre-nord) dans l' attaque d' un poste de douane.
D' autre part, trois militaires maliens ont aussi été tués mardi dans l'explosion d' un engin improvisé au passage de leur véhicule un peu plus au centre, près de la frontière avec le Burkina Faso.