Dernière mise à jour à 08h56 le 14/02
Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi s'est dit opposé vendredi à un éventuel déploiement du bouclier antimissile THAAD en Corée du Sud , jugeant que cela ne ferait que compliquer la situation dans la région.
A l'issue d'une rencontre avec son homologue américain John Kerry en marge de la Conférence sur la sécurité de Munich, M. Wang a clairement indiqué l'opposition de son pays à ce que les Etats-Unis déploient le THAAD (Terminal High Altitude Area Defense), un système de défense sol-air antimissile balistique.
Séoul et Washington ont déjà entamé des discussions sur ce déploiement, a indiqué le Pentagone quelques heures après que Pyongyang a procédé au lancement d'une fusée à longue portée le 7 février dernier. La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a évoqué la mise sur orbite d'un satellite d'observation, mais d'autres pensent qu'il s'agit d'un essai de missile balistique.
En vertu de plusieurs résolutions de l'ONU, la RPDC n'a pas le droit de tirer des fusées en utilisant la technologie des missiles balistiques.
Le système THAAD, l'un des plus sophistiqués au monde, peut intercepter et détruire des missiles balistiques à l'intérieur ou juste à l'extérieur de l'atmosphère lors de leur dernière phase de vol.
Alors que les Etats-Unis et la Corée du Sud disent que ce bouclier ne servira qu'à se protéger d'une attaque de la RPDC, d'autres estiment qu'il constituera une grande menace pour les pays voisins.
Dans un entretien à Reuters en marge de la conférence de Munich, M. Wang a renouvelé ses préoccupations. Ce possible déploiement "va bien au-delà des besoins de défense de la péninsule coréenne et sa portée signifiera qu'elle couvrira largement le continent asiatique", a-t-il dit. "Ceci affectera directement les intérêts de sécurité stratégiques de la Chine et d'autres pays asiatiques."
Le chef de la diplomatie chinoise a exhorté les Etats-Unis à faire preuve de prudence, à ne pas saper les intérêts de sécurité de la Chine ou compliquer davantage la paix et la stabilité dans la région.
Beijing et Washington ont convenu d'accélérer le processus des consultations au Conseil de sécurité de l'ONU afin de parvenir à une nouvelle résolution condamnant la RPDC, ainsi que de prendre des mesures fortes et efficaces pour empêcher la poursuite des programmes nucléaire et de missiles de Pyongyang, a souligné M. Wang après sa rencontre avec M. Kerry.
Renouvelant le soutien de la Chine en faveur de nouvelles sanctions contre la RPDC, M. Wang a souligné dans son interview à Reuters qu'aucune arme nucléaire ne devait se trouver sur la péninsule coréenne, au nord comme au sud, qu'elle soit conçue localement ou importée.
En tant que pays voisin de la péninsule coréenne et acteur majeur de la sécurité régionale, la Chine, a poursuivi Wang Yi, estime que la dénucléarisation de la péninsule coréenne doit se faire par le dialogue, non pas par la guerre, et que les intérêts de sécurité de la Chine devaient être garantis.