Dernière mise à jour à 09h18 le 24/08
Par la voix d'un porte-parole du gouvernement, l'Allemagne a annoncé qu'elle va reconnaître comme génocide le massacre de 110 000 Héréros et Namas, deux peuples de la Namibie actuelle, par les troupes coloniales allemandes entre 1904 et 1908 et qu'elle présenterait formellement des excuses à la Namibie. L'extermination systématique de 100 000 Héréros et 10 000 Namas par les troupes coloniales du IIe Reich de Guillaume II est largement considérée comme le premier génocide du 20e siècle, et un précurseur de l'Holocauste.
Des dizaines de milliers de Héréros et Namas furent alors conduits dans le désert namibien où ils moururent de faim et de déshydratation. D'autres furent envoyés dans des camps de concentration où ils moururent de maladies et de mauvais traitements. Beaucoup de victimes furent décapitées et leurs crânes envoyés en Allemagne pour des expériences scientifiques. Mais si l'Allemagne a été claire dans son aveu de culpabilité pour l'Holocauste, sa réponse au génocide des Héréros a été pour le moins équivoque jusqu'à présent.
Une ancienne ministre avait bien présenté ses excuses pour ces meurtres de masse il y a plus d'une décennie. Heidemarie Wieczorek-Zeul avait décrit les massacres comme un « génocide » lors d'un voyage en Namibie en tant que Ministre du développement en 2004, mais ses remarques n'avaient pas été adoptées en tant que politique gouvernementale. Les choses ont désormais changé, mais le gouvernement allemand a toutefois précisé qu'il ne verserait pas de réparations à la Namibie, et qu'il contribuerait à la place à l'aide au développement de ce pays.
Le génocide en Namibie avait commencé comme une opération visant à réprimer une révolte contre la domination coloniale allemande, menée par les Héréros et les Namas. Mais les meurtres systématiques ont continué longtemps après que le soulèvement ait été maté. Dans des remarques qui semblent maintenant préfigurer de façon effroyable l’Holocauste, le général Lotha von Trotha, commandant des forces allemandes, avait écrit en 1904 de sa politique envers les Héréros : « Je crois que cette nation en tant que telle devrait être anéantie, ou, si ce n'est pas possible par des mesures tactiques, expulsée du pays », ajoutant dans un ordre qu'il avait émis la même année : « Tout Héréro trouvé au sein des frontières allemandes, avec ou sans fusil, avec ou sans bétail, doit être fusillé. Je n'accepte pas davantage les femmes ou les enfants : qu'ils soient reconduits auprès de leur peuple ou alors qu'ils soient abattus ».