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Découverte d'un massacre de masse vieux de 10 000 ans au Kenya

le Quotidien du Peuple en ligne | 22.01.2016 08h29

La violence a toujours fait partie du comportement humain, mais les origines de la guerre font toujours l'objet de débats intenses. Ce qui vient d'être découvert au Kenya pourrait cependant fournir des indices particulièrement intéressants sur ce sujet. La scène était une lagune sur la rive du lac Turkana. L'époque, il y a environ 10 000 ans. Les faits, un groupe de chasseurs-cueilleurs qui a attaqué et massacré un autre, laissant les morts avec des crânes fracassés, des flèches ou des pointes de lances fichées dans les corps, et autres blessures dévastatrices.

Les morts, disent les scientifiques qui ont annoncé la découverte mercredi dans la revue Nature, semblent avoir été abandonnés ça et là sans ordre apparent, et finalement recouverts et conservés par les sédiments du lac. Des 12 squelettes relativement complets qui ont été retrouvés, 10 présentaient des signes de mort violente. Les restes partiels d'au moins 15 autres personnes ont été retrouvées sur le site et auraient été tuées dans la même attaque.

Ces ossements retrouvés au bord du lac, dans le nord du Kenya, racontent une histoire de férocité. Un homme a été frappé deux fois à la tête par des flèches ou des petites lances et au genou par une masse. Une femme, enceinte d'un fœtus âgé entre 24 et 36 semaines, a été tuée d'un coup à la tête, le squelette du fœtus conservé dans son abdomen. La position de ses mains et les pieds suggèrent qu'elle pourrait même avoir été ligotée avant d'être tuée.

La violence a toujours fait partie du comportement humain, mais les origines de la guerre ont toujours été débattue. Certains experts la considèrent comme profondément enracinée dans l'évolution, pointant de violents affrontements entre des groupes de chimpanzés comme des indices d'une prédilection ancestrale. D'autres soulignent l'influence des sociétés humaines complexes et hiérarchiques, et les raids menés sur les excédents agricoles. Personne ne suggère que cette découverte, à un endroit appelé Nataruk, va trancher le débat, mais il pourrait être le premier exemple d'un massacre dans une société de recherche de nourriture.

Une découverte au Soudan, datant d'une période antérieure, avait révélé les sépultures de victimes de violences intergroupes, mais la société en question semblait avoir été plus stable. Marta Mirazon Lahr et Robert Foley, de l'Université de Cambridge et de l'Institut du Bassin du Turkana à Nairobi, au Kenya, et une équipe d'autres scientifiques, a conclu dans Nature que cette trouvaille représente la guerre parmi les chasseurs-cueilleurs préhistoriques. Pour Richard Wrangham, professeur d'anthropologie biologique à Harvard, cette découverte « montre que la guerre est survenue avant l'invention de l'agriculture ».

Douglas Fry, professeur d'anthropologie à l'Université de l'Alabama, qui n'a pas été impliqué dans la recherche, concède en revanche que si ces preuves ressemblent bien à un massacre d'un groupe par un autre, il a dit que « sur la base de preuves de squelettes d'un site dans une région, c'est peut-être aller vite en besogne de qualifier cela de ‘guerre' », déclarant dans un courriel que des cueilleurs nomades avaient peu de chances de pratiquer la guerre, qui tend plutôt à se produire dans des sociétés plus complexes, ajoutant qu'il aimerait voir « des fortifications, des villages construits dans des endroits défendables, des armes spécialisées des représentations artistiques ou symboliques de la guerre », et plus d'un site avant de qualifier ce massacre de guerre.

 

(Rédacteurs :Wei SHAN, Yin GAO)
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