Dernière mise à jour à 09h03 le 20/12
L'association Ibuka, qui rassemble des survivants du génocide de 1994 au Rwanda, a condamné lundi la libération anticipée de deux cerveaux du génocide rwandais qui a tué près d'un million de Rwandais.
Ibuka a dénoncé la libération anticipée de Ferdinand Nahimana et Emmanuel Rukundo, comme annoncée par le président du Mécanisme de l'ONU pour les Tribunaux pénaux internationaux (MTPI), le juge Theodor Meron.
Les deux condamnés sont emprisonnés au Mali. M. Nahimana, qualifié d'idéologue du génocide, écope 30 ans, tandis que Rukundo, un ancien prêtre catholique, purge une peine de 23 ans de prison.
Le juge Meron, dans une décision de septembre publiée sur le site Web du MTPI, a déclaré que même si les crimes de M. Nahimana étaient graves, "le fait qu'il ait déjà terminé les deux tiers de sa peine en 27 mars 2016 et qu'il a manifesté des signes de réhabilitation militent pour sa libération anticipée".
Il en va de même pour M. Rukundo, ancien aumônier militaire, selon le MTPI.
Dans un communiqué publié lundi, le président d'Ibuka Jean Pierre Dusingizemungu a affirmé que leur libération montre "à quel point le MTPI a été insoutenable et injuste aux survivants du génocide.
"Les survivants avaient de grands espoirs dans cette cour, un bon nombre d'entre eux ont coopéré avec elle, mais nous n'avons pas encore reçu la justice attendue. Les juges qui libèrent les gens comme Nahimana et Rukundo, sachant très bien ce qu'ils ont fait, le font délibérément et avec des motifs suspects qui n'ont rien à voir avec la justice", a-t-il souligné.
Jusqu'à présent, dix auteurs du génocide condamnés par le TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda) se sont vus accorder une libération anticipée par le juge Meron.
Ferdinand Nahimana est un ancien professeur d'histoire et co-fondateur de la RTLM, une station de radio extrémiste qui propageait le discours haineux et avait appelé à l'assassinat du peuple tutsi avant et pendant le génocide.
D'abord arrêté en 1996, M. Nahimana avait été reconnu coupable en décembre 2003 de multiples crimes de génocide.
Emmanuel Rukundo, ancien aumônier militaire, avait été arrêté en 2001 avant d'être reconnu coupable de génocide, d'extermination et de meurtre en février 2009.
Le président rwandais Paul Kagame a également critiqué vendredi dernier la libération anticipée, la qualifiant d'acte douteux.