Dernière mise à jour à 14h16 le 23/09
Plusieurs représentants de l'administration ont été blessés et des bâtiments abritant des services de l'Etat saccagés lors de violentes manifestations survenues vendredi dans plusieurs localités de la région du Sud-Ouest du Cameroun, en proie à des tensions depuis près d'un an avec celle du nord-ouest, déplorent les autorités camerounaises.
En réponse à un appel à la mobilisation populaire du Southern Cameroons National Council (SCNC), une organisation non reconnue militant pour la sécession et l'indépendance des régions anglophones camerounaises du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, des groupes de jeunes ont défié sur les rues de plusieurs villes du Sud-Ouest vendredi, brandissant des drapeaux aux couleurs différentes de celles du Cameroun.
Ces marches faisaient partie d'une série de manifestations annoncées par les leaders du SCNC dans la perspective de la création d'un nouvel État regroupant les deux régions anglophones, le 1er octobre, en référence à la date de la réunification du Cameroun en 1961, après la réintégration de ces territoires décidée lors d'un référendum ayant mis fin à leur incorporation au Nigeria, sous administration coloniale britannique, suite à une décision de la Société des Nations (SDN), comparativement à la partie francophone, la plus grande du pays, placée quant à elle sous tutelle française.
C'était une conséquence de la défaite de l'Allemagne, qui exerçait son autorité sur le Cameroun en tant que puissance colonisatrice, lors de la Seconde Guerre mondiale.
Les manifestations ont dégénéré en violences, dirigées contre des représentants de l'administration dont notamment des sous-préfets, des préfets et des responsables sécuritaires, a rapporté le gouverneur de la région du Sud-Ouest, Bernard Okalia Bilaï, faisant état de plusieurs responsables sécuritaires blessés, sans donner de chiffre.
Parmi les localités touchées par des violences, figure Buea, le chef-lieu de la région du Sud-Ouest, où les manifestants se sont aussi attaqués à des bâtiments abritant des services publics ainsi des résidences privées comme celle du maire de la commune.
Les autorités tentaient de rassurer vendredi soir sur un retour au calme après l'intervention des forces de sécurité qui disposent dans la région d'unités spéciales à l'exemple d'une base du Bataillon d'intervention rapide (BIR), engagé dans la lutte contre la piraterie maritime au large des côtes camerounaises à Limbe, autre ville du Sud-Ouest, et la secte islamiste nigériane Boko Haram, à l'Extrême-Nord.
Les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun sont secouées depuis octobre dernier par une crise qualifiée d'insurrectionnelle par les autorités, due à l'origine par une double manifestation d'avocats et de syndicats d'enseignants en protestation contre la mainmise de la communauté francophone du pays, majoritaire, sur la gestion des affaires publiques.
Des dizaines de personnes, des militants présumés du SCNC, ont été arrêtées et déférées en justice dans le cadre de cette crise qui continue de paralyser l'activité économique et le fonctionnement de l'école dans les deux régions.
A la veille de la rentrée scolaire 2017-2018 en août, le président camerounais Paul Biya avait ordonné un arrêt des poursuites contre une partie de ces personnes devant le tribunal militaire de Yaoundé, la capitale, visant à faire baisser les tensions. Le rejet de poursuite a permis la libération d'une cinquantaine de détenus et un autre groupe reste maintenu en détention.
Sur les images diffusées sur les réseaux sociaux, les manifestants descendus dans les rues du Sud-Ouest vendredi brandissaient des pancartes avec des messages écrits en anglais à travers lesquels ils réclamaient la libération de ce dernier groupe de détenus et rejetaient les accusations de terroristes portées contre eux par les autorités.
Ces images montraient aussi des manifestants surexcités maltraitant deux militaires en tenue.
Ces incidents surviennent au moment où une explosion présentée comme une tentative d'attaque terroriste est survenue ce même vendredi dans la matinée, sans faire de victime, à proximité des bâtiments abritant le siège de la Société camerounaise de dépôts pétroliers (SCDP) à Douala, la métropole économique du Cameroun, d'après les autorités.
Selon le gouverneur de la région du Littoral à laquelle la ville de Douala appartient, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, cette explosion a été causée par une bouteille de gaz utilisée comme une bombe artisanale concoctée sur place.
Un peu plus tard en mi-journée, un attentat suicide est survenu à Kolofata dans la région de l'Extrême-Nord, causant la mort d'un homme, l'auteur présumé de l'attaque lui-même, selon le bilan officiel.
Jeudi, trois policiers ont été blessés lors d'une autre attaque survenue à Bamenda, dans la région du Nord-Ouest. C'est la troisième attaque du genre depuis début septembre dans cette ville. Les deux précédentes n'avaient pas fait de victime.