Dernière mise à jour à 08h57 le 10/10
La coalition de l'opposition du Kenya, la Super Alliance Nationale (NASA), garde le pays en suspens sur son plan avant la réorganisation de l'élection présidentielle du 26 octobre, en se retirant des campagnes électorales.
Le dirigeant de la NASA Raila Odinga et son colistier, Kalonzo Musyoka, ont abandonné les campagnes pendant les deux dernières semaines, même si le parti Jubilé dirigé par le président sortant Uhuru Kenyatta avait intensifié ses campagnes, en visitant leurs bastions et ceux de la NASA.
La NASA a insisté qu'il n'y aurait pas de scrutin dans le pays le 26 octobre si leurs demandes, y compris le licenciement des responsables électoraux accusés d'avoir truqué les résultats des élections du 8 août, n'étaient pas respectées.
Elle a plutôt recouru à des manifestations de la rue pour pousser à des changements à la Commission électorale et obliger le parti Jubilé à retirer ses projets de modification à la loi électorale.
Les manifestations ont été organisées deux fois par semaine au cours des deux dernières semaines, mais à partir de cette semaine, la NASA a déclaré qu'elles se tiendraient trois fois par semaine.
Toutefois, à côté des manifestations, c'est le retrait de la NASA des campagnes électorales, à deux semaines des élections, qui dérange ses ennemis et ses amis.
M. Odinga sortira du pays plus tard cette semaine pour des visites aux États-Unis et en Grande-Bretagne pour une période non précisée, un mouvement politique sans précédent, qui a choqué même ses partisans.
Avant son départ, M. Odinga et son équipe avaient annulé les rassemblements de campagne prévus dimanche à la ragion côtière pour éviter une confrontation avec le président Uhuru Kenyatta, qui était également en visite dans la région.
Les dirigeants du Parti Jubilé ont accusé M. Odinga de ne pas être enthousiaste pour les nouvelles élections parce qu'il savait qu'il perdrait, la raison pour laquelle il ne faisait pas campagne.
Le président Kenyatta a affirmé dimanche que M. Odinga fait des plans plutôt pour former un gouvernement de coalition avec l'aide d'entités étrangères.
"Le moment est venu dans notre pays quand nous devons faire la différence entre les leaders qui recherchent le leadership pour obtenir le pouvoir et ceux dont l'intention est de servir les Kenyans et de transformer la vie", a-t-il déclaré à ses partisans.
Mais M. Odinga a expliqué qu'il n'avait pas besoin de faire la campagne personnellement car il a des centaines de partisans qui font campagne pour lui.
"J'ai des soldats sur le terrain qui font campagne pour moi. Nous avons une base de soutien énorme, donc les Kenyans savent déjà qui sera leur président", a déclaré M. Odinga.
Ses partisans et les critiques sont divisés sur la stratégie de M. Odinga pour éviter les campagnes électorales.
"Qui quitte une campagne à mi-parcours pour aller au Royaume-Uni ? Qu'est ce qu'il y a de si urgent ? Pourrait-il y être pour des raisons médicales ?", s'interroge Mumbi Seraki, un partisan du parti Jubilé.
Les partisans de M. Odinga ont cependant noté qu'il ne pouvait pas descendre sur le terrain pour les campagnes électorale, donnant l'impression que tout va bien avec les élections.
"Le Parti Jubilé fait campagne pour créer des perceptions de gagner des cœurs parce qu'ils pensent que les Kenyans changent facilement d'avis. Nous ne pouvons pas tomber dans un tel piège", a souligné Seth Odongo, un partisan de la NASA.
"Il n'y aura pas d'élection pour le président du Kenya, à moins que la Commission électorale soit réformée et libérée du gouvernement jubilaire", a déclaré Nelson Havi, avocat et partisan de M. Odinga.
D'autre part, l'avocat Donald Kipkorir, a soutenu le voyage de M. Odinga dans des nations occidentales, notant que la tournée est importante pour le processus de réformes.
"Oubliez les rumeurs selon lesquelles Raila Odinga serait absente jusqu'à après les élections du 26 octobre. Il sera parti pour trois jours seulement et sera de retour pour poursuivre la vérité et la justice dans les processus électoraux", a-t-il expliqué.
Un législateur de la NASA, Opiyo Wandayi, a noté qu'il n'est pas nécessaire de faire campagne pour des élections dont le parti n'y participerait pas.
Henry Wandera, un enseignement d'économie à Nairobi, a noté que si le retrait de la NASA des campagnes politiques est déconcertante, c'est qu'elle croit que sa base de soutien est intacte.
"La NASA connaît le mode de scrutin du Kenya, c'est-à-dire que même s'ils faisaient campagne dans les bastions du Parti Jubilé cent fois, ils n'ajouteraient pas leur panier de voix. D'autre part, même s'ils ne faisaient pas campagne dans leurs bastions, ils ne perdraient aucun vote", a-t-il noté.
"Le retrait pour moi est tactique. C'est pour réitérer à leurs partisans le message qu'il n'y aurait pas d'élections le 26 octobre. Si les choses ne changent pas, je m'attends à voir M. Odinga battre vigoureusement campagne contre les élections quand il reviendra dans le pays", a-t-il conclu.