Dernière mise à jour à 08h45 le 10/11
La cour d'appel de Nouadhibou (à 470 km au nord-ouest de la capitale) a condamné, jeudi, le jeune blogueur Mohamed Ould Mkheitir à deux ans de prison, avec amende de 60.000 ouguiyas (environ 300 dollars), a appris Xinhua de source judiciaire.
Ould Mkheitir, qui avait exprimé son regret d'avoir publié un article jugé blasphématoire contre la personne du prophète Mouhamet et exprimé son repentir devant la cour, a été reconnu coupable de "propos biaisés contre la personne du prophète Mohamet", a expliqué Me Fatimata M'Baye de la défense.
"Il s'agit d'une condamnation correctionnelle du moment que Mkheitir a prononcé son repentir sincère devant Dieu et devant la cour", a indiqué à Xinhua, Me M'Baye.
"Notre client doit sortir de prison parce qu'il a déjà passé une durée dépassant les deux ans en prison, mais il n'est pas encore libre au moment où je vous parle", a-t-elle conclu.
Au cours du procès, le procureur a requis la peine capitale contre le blogueur pour "apostasie" alors que la défense a plaidé pour son acquittement avec dommages et intérêts.
Des milliers de Mauritaniens ont revendiqué, ces derniers jours, sur la toile du net, la peine de mort contre le jeune blogueur, dont le procès a suscité un large débat.
Des oulémas ont rendu public, mercredi, un communiqué dans lequel ils exigent la peine de mort contre le blogueur. Des organisations islamistes et des mouvements mauritaniens ont multiplié les manifestations pour exiger son exécution.
Le 3 novembre dernier, les forces de l'ordre ont interdit plusieurs tentatives de manifestations, à Nouakchott, contre le jeune Ould Mkheitir de 32 ans, placé en détention en 2014 après avoir redu public un billet jugé "blasphématoire à l'encontre du prophète Mohamet".
Des organisations de défense des droits de l'homme, notamment Amnesty International et Human Rights Watch, ont toujours appelé à la remise en liberté du jeune blogueur qu'elles considèrent comme un "prisonnier d'opinion".
En décembre 2014, Ould Mkheitir a été condamné à mort après avoir été reconnu coupable "d'apostasie" par la Cour criminelle de Nouadhibou.
Cette condamnation à mort a été confirmée le 21 avril 2016 par la Cour d'appel de Nouadhibou, laquelle avait procédé à la requalification des faits en "mécréance", une accusation moins lourde que l'apostasie, avant que le dossier soit renvoyé devant la Cour suprême, et rejugé.
Le condamné a été arrêté en 2014 après avoir publié un article soulignant "l'iniquité" dans le traitement des classes sociales les plus faibles dans la société mecquoise au 7ème siècle.
Dans son article, Ould Mkheitir a évoqué aussi "l'injustice" qui a caractérisé le premier siècle de l'Islam, qui se reconnaît aujourd'hui selon lui dans le traitement que réserve la société mauritanienne aux castes, notamment celle des forgerons à laquelle appartient l'auteur de l'article.
Sa condamnation pour apostasie est la première de toute l'histoire de la République islamique de Mauritanie, indépendante depuis novembre 1960.
La loi mauritanienne fortement imprégnée de la charia (loi islamique et première source de droit du pays), prévoit la peine de mort contre l'apostasie ou tout autre acte qui l'exprime.
Prévue par la loi, la peine de mort n'a pas été exécutée depuis 1987, année où des officiers négro-mauritaniens ont été condamnés et fusillés pour avoir commandité un coup d'Etat contre le président de l'époque, Maouiya Ould Sid'Ahmed Taya.