Dernière mise à jour à 08h44 le 11/09
Des personnalités de l'opposition, dont des sénateurs, des journalistes et des syndicalistes, comparassent depuis une semaine devant le juge d'instruction pour répondre à des accusations de "corruption", a appris Xinhua de source judiciaire.
Les accusés doivent rendre compte de ce qui constitue, selon le parquet, "une vaste affaire de corruption", où le principal présumé financier est l'homme d'affaires Mohamed Ould Bouamatou exilé au Maroc depuis plus de deux ans.
M. Bouamatou, qui fut proche du chef de l'Etat Mohamed Ould Abdel Aziz, dont il est le cousin, a quitté le pays après une brouille avec ce dernier, pour s'installer au Maroc voisin.
Le richissime homme d'affaires est le propriétaire du groupe "BSA" actif dans la cimenterie, le gaz ménager et le commerce de cigarettes. Un mandat d'arrêt international a été émis par la justice mauritanienne à son encontre.
Le dossier "Bouamatou et autres" concerne une vingtaine de personnalités, dont onze sénateurs, deux dirigeants de centrales syndicales des plus importantes du pays et quatre journalistes de la presse indépendante. Tous sont accusés d'avoir reçu de l'argent de Bouamatou pour mener une action contre les réformes constitutionnelles.
Le collectif de défense dénonce "un dossier vide et une justice soumise aux ordres de l'exécutif". Les avocats estiment qu'il s'agit d'un dossier concocté pour nuire à ces personnalités qui s'étaient activement opposées aux réformes validées par le référendum du 5 août dernier après avoir été rejetées par la chambre haute du parlement aujourd'hui supprimée.
Le parquet a requis le placement aux arrêts des sénateurs, lesquels sont aujourd'hui libres à l'exception de Mohamed Ould Ghadde qui a été le premier à se lancer dans une fronde contre le référendum du 5 août dernier et qui a, à plusieurs reprises, dénoncé "l'enrichissement illicite de personnes proches du chef de l'Etat Mohamed Ould Abdel Aziz".
On lui reproche en outre d'avoir payé pour obtenir une vidéo avec le témoignage d'un soldat, aujourd'hui en prison, qui affirme que la blessure, par balle, en 2012, du chef de l'Etat "n'était rien d'autre qu'une machination visant à berner l'opinion par rapport à une vérité qui se situe ailleurs".
Selon la thèse officielle, le chef de l'Etat avait essuyé à l'époque, "par erreur", le tir des militaires de la base de Tweila, situé à plus de 30 km au nord de Nouakchott.
La date du jugement des accusés n'est pas encore fixée, mais le parquet a fait appel de la mesure de mise sous contrôle judiciaire de sénateurs, dont la célèbre cantatrice Malouma Mint El Meydah, qui vient de recevoir en cadeau de fête de l'Aid Elkébir, une villa cossue, de la part de Bouamatou.