Dernière mise à jour à 08h46 le 14/11
Les tensions entre les communautés chrétienne et musulmane de la capitale centrafricaine Bangui ont ressurgi suite à de multiples attaques y survenues depuis samedi, mettant en question les efforts du gouvernement centrafricain et de la communauté internationale à encourager la cohésion sociale, a constaté dimanche sur place un correspondant de Xinhua.
Samedi soir entre 19h et 20h heures locales, deux assaillants non identifiés sur une moto ont largué une grenade dans un cabaret à Km5, un quartier à Bangui dont les habitants sont majoritairement musulmans, lors qu'un concert d'un célèbre artiste centrafricain se déroulait. Le bilan fait état d'au moins quatre morts et vingt-et-un blessés, dont quatre en état critique, selon des sources hospitalières jointes par Xinhua.
Il s'agit d'un concert de cohésion sociale, organisé par des jeunes des deux communautés, chrétienne et musulmane, visant à promouvoir le revivre-ensemble et à encourager les personnes déplacées à retourner chez elles. Avant le concert, ces jeunes citoyens avaient désherbé autour d'une mosquée située dans les parages de Km5 qui avait été détruite lors de la crise à Bangui.
Une enquête est ouverte par le ministre de la Sécurité publique pour faire la lumière sur les responsabilités.
Condamné vivement dimanche par le Premier ministre centrafricain Simplice-Mathieu Sarandji, cet acte criminel, qui avait touché à la fois des familles musulmanes et chrétiennes, ont fait ressurgir les tensions inter-communautaires à Bangui, qui a vécu jusqu'ici une accalmie de violence depuis près d'un an.
En représailles à ce qui est arrivé, des musulmans s'en prennent à l'arme blanche à des chrétiens qui se sont rendus au Km5 pour faire des emplettes. Les corps jonchent encore le sol. Du côté des chrétiens, ils attaquent les jeunes musulmans pilotes de taxi-moto qui s'aventurent dans leur secteur. Les corps de ces jeunes sont entreposés à la mosquée Ali Babolo, au cœur même du Km5.
Les tirs à l'arme automatique au Km5, depuis la matinée de ce dimanche jusqu'en milieu de journée, ont forcé des familles des quartiers environnants à décamper, avec des baluchons sur la tête ou dans des pousses-pousses.
Face au regain de tuerie, M. Sarandji a appelé dimanche les parties à l'apaisement, mettant en garde "ceux qui prétendent défendre le peuple", allusion faite aux "fauteurs de troubles qui sont prêts pour bondir sur de situations pareilles et entretenir le chaos dans le pays".
M. Sarandji a également présenté aux familles des personnes décédées les condoléances du gouvernement, tout en instruisant le ministre de la Santé pour que des soins appropriés soient administrés aux blessés.