Tunisie: les élections municipales demeurent un enjeu malgré un taux de participation timide

Malgré la mobilisation par les autorités compétentes de tous les outils logistiques adéquats, le taux de participation au scrutin des premières élections municipales après 2011 reste assez timide, a-t-on appris dimanche auprès de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE).

Selon l'ISIE, quatre heures après l'ouverture des bureaux de votes, le taux de participation ne s'élève qu'à 13,6% à l'échelle nationale.

Le taux de participation le plus bas a été enregistré dans la province de Tataouine au sud-est avec 8% alors que le plus élevé a été observé à Zaghouan, une province du au sud-est de Tunis, avec 22%.

LES PREMIERES ELECTIONS MUNICIPALES APRES 2011

Depuis 8h00 du matin (heure locale, GMT+1), les 11.185 bureaux de vote répartis sur les 350 circonscriptions dans les 24 provinces du pays ont commencé à accueillir les électeurs. Les bureaux se fermeront à 18h00 vers fin d'après-midi.

À ces premières élections municipales après le soulèvement populaire de 2011, les Tunisiens éliront leurs conseillers municipaux parmi plus de 53.000 candidats répartis sur 2.074 listes électorales en lice, dont 1.055 listes partisanes, 860 listes indépendantes et 159 listes de coalition.

Certains experts et observateurs locaux pensent que deux grands poids politiques s'imposent clairement à l'horizon de ces élections: les deux partis majoritaires au pouvoir dont Nidaa Tounes (parti présidentiel) et son principal allié, le parti islamiste Ennahdha.

Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a appelé ses compatriotes à voter pour émettre un message fort que "les Tunisiens tiennent fermement à l'ancrage du processus démocratique", à la sortie d'un bureau de vote à Soukra, une circonscription dans la province de l'Ariana au Grand-Tunis.

"Le peuple tunisien doit avoir la conscience bien vaillante en choisissant en toute liberté les candidats les convenables pour prendre les rênes du pouvoir local", a souligné M. Essebsi.

Vers la banlieue sud de Tunis, dans la province de Ben Arous, le chef du parti Ennahdha, Rached Ghannouchi, pense que le processus démocratique transitionnel en Tunisie "ne s'arrêtera pas".

M. Ghannouchi a déclaré aux médias que ces élections municipales sont "un acquis constitutionnel susceptible de faire passer la Tunisie à l'étape de la décentralisation du pouvoir qui sera transféré aux collectivités locales".

LES ELECTEURS DECUS DES PROMESSES NON-ABOUTIES

Aux yeux de certains électeurs tunisiens, les sept dernières années sont relativement décevantes, malgré les réalisations acquises dans certains secteurs socio-économiques.

Actuellement la Tunisie compte presque 650.000 chômeurs, soit un peu plus de 15% de la population active, outre une inflation qui dépasse 6,5% et une croissance qui piétine à franchir la barre de 2% malgré les efforts de l'actuel gouvernement d'union nationale et l'appuie des principaux partenaires économiques et financiers étrangers dont l'Union européenne, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.

"Bien que déçu des promesses non-abouties à l'issue des dernières élections législatives et présidentielle de 2014, j'ai décidé quand même de me rendre à l'urne pour exercer mon droit constitutionnel", a commenté Mohamed Haffoudhi, 26 ans, à la sortie d'un bureau de vote à Mourouj 1, l'une des circonscriptions de la province de Ben Arous au sud de Tunis.

Ayant la profession d'arbitre de handball, M. Haffoudhi a regretté la délicatesse de la situation socio-économique du pays notamment la détérioration du pouvoir d'achat accentué par la flambée des prix outre des prémices d'une crise sociale due à la défaillance de développement dans certaines régions marginalisées de l'intérieur du pays.

Sarra Chikhaoui, pharmacienne de 27 ans, pense que ces élections municipales constituent une dernière chance afin d'améliorer la gouvernance du pays. Selon elle, la quasi-majorité des provinces tunisiennes, voire même certains quartiers de la capitale, souffrent de plusieurs problèmes d'hygiène et de santé liés essentiellement à l'indifférence et la mauvaise gestion.

La proclamation des résultats préliminaires de ces élections municipales est prévue le 9 mai, et celle des résultats définitifs de ne doit pas dépasser la date du 13 juin après traitement de tous éventuels recours.