Dernière mise à jour à 14h09 le 27/07
Réuni mercredi dans la capitale tchadienne, le Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC) s'est penché sur les perspectives macroéconomiques mondiales et sous-régionales et a pris des décisions pour maintenir la stabilité du système bancaire sous-régional.
Au plan international, l'activité économique mondiale devrait s'accélérer en 2018, en raison d'un renforcement de l'investissement, ainsi que du regain des prix des produits de base, qui devrait conduire à une amélioration progressive dans les pays exportateurs de ces produits, indique le communiqué final de la réunion de N'Djaména qui s'est achevée mercredi soir.
Au niveau sous-régional, le CPM a passé en revue la situation économique et monétaire récente de la CEMAC, ainsi que les perspectives à court terme. En 2018, avec la remontée des cours et de la production du pétrole brut, l'accélération de la mise en œuvre des réformes économiques, monétaires et financières prévues dans le programme des réformes de la CEMAC et les programmes conclus par ses six pays membres avec le Fonds monétaire international (FMI), les activités économiques devraient se raffermir après une année 2017 caractérisée par une croissance nulle.
Ainsi, il est prévu pour 2018 en Afrique centrale, un taux de croissance du PIB réel de 2,5 % (contre 0,0 % en 2017), un taux d'inflation sous le seuil communautaire à 1,6 % (contre 0,9 % un an plus tôt), une réduction du déficit budgétaire hors dons à 0,3 % du PIB (contre 4,0 % en 2017), tandis que le déficit extérieur courant (hors dons) remonterait à 4,8 % du PIB (contre 4,3 % en 2017), et un redressement du taux de couverture extérieure de la monnaie à 60,7 % (contre 57,5 % en 2017).
Tenant compte des perspectives macroéconomiques de la sous-région, et après examen des différents facteurs influençant la stabilité monétaire et financière dans la CEMAC, le Comité de politique monétaire a décidé de maintenir inchangé le taux d'intérêt des appels d'offres à 2,95 %, le taux de pénalité aux banques à 7,0 %, le taux de rémunération des réserves obligatoires à 0,05 %. Par ailleurs, il a décidé de la suppression des taux des avances aux Trésors nationaux, en cohérence avec les nouvelles dispositions statutaires.
Le Comité a également décidé, en vue du pilotage du taux d'intérêt interbancaire moyen pondéré des opérations à sept jours, de mettre en place un corridor autour du taux d'intérêt des appels d'offres (TIAO): une facilité marginale de prêt à un taux de 4,70 %, en remplacement du taux des prises en pension, une facilité de dépôts à un taux de 0,0 %, en remplacement du taux d'intérêt sur placement à 7 jours.
Lors de sa session ordinaire du 22 mars 2017 à Yaoundé (Cameroun), le CPM avait opté pour l'adoption de treize mesures de redressement de la position extérieure des pays de la zone. Au cours de la session de N'Djaména, il a pris acte de l'état de mise en œuvre de ces mesures. "A ce jour, il est à noter qu'un grand nombre des actions prévues ont été réalisées. Ces actions ont trait à la mise en œuvre de mesures de resserrement de la politique monétaire, à la dynamisation du marché interbancaire, à la rationalisation des transferts sortants et de la gestion de la position extérieure, à l'adoption d'un cadre d'assistance de liquidité d'urgence, et à l'accélération des projets relatifs à l'amélioration de la qualité de l'information financière et de la perception du risque", a déclaré Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de la BEAC, président statutaire du CPM.
M. Tolli a balayé, une nouvelle fois, les rumeurs d'une dévaluation en zone CEMAC. "Je ne sais pas pourquoi les gens continuent toujours à penser qu'il y a un risque avec le francs CFA. Il n'y a absolument pas de risque, aucun indicateur qui pourrait laisser croire que c'est le cas", a-t-il martelé.
"Tous les efforts que réalisent aujourd'hui les pays de la CEMAC dans le cadre des mesures prises en décembre 2016 à Yaoundé, visent à éviter tout ajustement monétaire dans la conjoncture actuelle. Et c'est à cela que s'attèlent les institutions communautaires, qu'il s'agisse de la Commission de la CEMAC, de la Banque centrale, de la Commission bancaire pour tous les aspects à la stabilité du système bancaire sous-régional", a-t-il précisé.