Dernière mise à jour à 08h50 le 19/10
Les relations économiques sino-britanniques n'ont cessé de se renforcer ces dernières années et cette dynamique ne devrait pas s'interrompre d'autant que les deux pays se sont engagés à renforcer leur coopération dans le secteur des infrastructures, faisant entrer leurs relations bilatérales dans un "âge d'or".
Avant la visite du président chinois Xi Jinping au Royaume-Uni, le ministre britannique des Finances George Osborne a annoncé lors de la conférence annuelle du Parti conservateur début octobre que son gouvernement entendait se lancer ces prochaines années dans des projets d'infrastructures tels que des lignes ferroviaires et des centrales électriques.
L'excellence chinoise dans les infrastructures peut certainement répondre à ces besoins et la coopération entre les deux pays sera à n'en pas douter un domaine-clé dans leurs relations bilatérales.
LA CHINE CHANGE LA DONNE
A l'heure actuelle, le Royaume-Uni a en effet besoin de construire ou de rénover ses infrastructures telles que son réseau de routes et de chemins de fer, d'accroître ses capacités aéroportuaires et de garantir ses approvisionnements énergétiques.
C'est dans ce contexte que le gouvernement de David Cameron a lancé "Northern Powerhouse", un projet visant à constituer un pôle économique fort dans le nord de l'Angleterre grâce à un réseau de transport amélioré et des investissements dans les sciences et l'innovation.
Pour le gouvernement britannique, le développement des infrastructures sera la force motrice de la croissance économique. Après des décennies de développement progressif, les entreprises chinoises sont pour leur part devenues un acteur majeur sur le marché international des infrastructures, tant en matière d'investissements que de construction.
"Les entreprises chinoises ont acquis des compétences-clés et jouissent d'un excellent bilan lorsqu'il s'agit d'aéroports, de liaisons ferroviaires, de traitement des eaux, d'énergie éolienne offshore, de centrales nucléaires, etc.", souligne une récente étude du cabinet d'avocats londonien Pinsent Masons, selon laquelle les entreprises chinoises et britanniques peuvent se compléter dans les infrastructures et le secteur immobilier.
"Je pense que ce que l'on va voir rapidement, ce sont des investissements chinois dans les infrastructures britanniques" telles que les centrales nucléaires et les lignes à grande vitesse (LGV), prédit Gerry Grimstone, président des assurances Standard Life.
Les deux pays connaissent déjà des exemples réussis en matière de coopération dans les infrastructures. En 2013, le Royaume-Uni annonçait que la société Beijing Construction Engineering Group participerait à l'extension de l'aéroport de Manchester, le troisième du pays en terme de passagers.
En juin dernier, la société China Haror Engineering Company a été choisie pour construire une digue de 9,6 km autour de la centrale marémotrice en baie de Swansea au Pays de Galles.
D'autres contrats devraient suivre. Alors que les compétences chinoises en matière de construction de LGV sont reconnues dans le monde, le Royaume-Uni a encouragé les entreprises et les institutions financières chinoises à participer au nouveau réseau ferroviaire à grande vitesse baptisé HS2 (High Speed 2), qui ira de Londres à Birmingham dans un premier temps, puis vers Leeds et Manchester dans un second temps.
Lors de sa visite fin septembre en Chine, M. Osborne a réitéré que son pays était très désireux de voir s'accroître les investissements chinois et qu'aucun autre pays en Occident n'était aussi ouvert à ces investissements que le Royaume-Uni.
"Nous nous attendons à ce que la Chine investisse plus de 100 milliards de livres sterling (environ 153 milliards de dollars) dans les infrastructures britanniques au cours de la prochaine décennie", estime Richard Laudy, directeur de la division infrastructures internationales au cabinet Pinsent Masons. Pour lui, un tel niveau d'investissements aidera non seulement à rénover des infrastructures britanniques vieillissantes, mais permettra de transformer ce secteur tout entier.
"LA CEINTURE ET LA ROUTE" ET LA BAII
"La Grande-Bretagne devrait se réjouir de l'émergence de la Chine et nous souhaitons avoir une relation en or avec la Chine qui permettra de favoriser une décennie en or pour ce pays. C'est une opportunité que le Royaume-Uni ne peut pas laisser passer. Tout simplement, nous voulons faire du Royaume-Uni le meilleur partenaire de la Chine en Occident", a indiqué M. Osborne dans un article.
Pour Londres, l'initiative "la Ceinture et la Route" ou encore la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (BAII) proposées par la Chine sont de bonnes options pour renforcer les liens avec la Chine.
Le Royaume-Uni a été la première économie occidentale majeure à rejoindre la BAII. Selon M. Osborne, cette initiative chinoise constitue "une occasion unique pour le Royaume-Uni et l'Asie d'investir et de se développer ensemble".
L'ambassadrice britannique en Chine, Barbara Janet Woodward, a expliqué que son pays était heureux de rejoindre la BAII parce qu'il était prêt à partager son expérience technique avec l'Asie, qui a besoin d'accroître encore ses investissements dans les infrastructures.
Le développement des infrastructures en Asie est non seulement favorable à l'économie régionale, mais aussi en faveur de la reprise économique mondiale, a-t-elle ajouté.
Jim O'Neill, responsable de la décentralisation et des infrastructures au sein du gouvernement britannique, estime lui aussi que l'adhésion à la BAII est d'une grande importance pour son pays car elle permettra de bâtir des relations plus étroites avec la Chine et l'Asie.
Londres s'est également engagé à travailler avec Beijing sur l'initiative "la Ceinture et la Route" et entend aussi attirer des capitaux chinois pour contribuer à son programme de revitalisation.
L'initiative "la Ceinture et la Route", annoncée par le président Xi en 2013, vise à promouvoir la connectivité, la coopération et la prospérité commune le long des anciennes routes terrestres et maritimes commerciales qui composaient autrefois la Route de la soie.
Cette initiative "est parfaite pour avoir de bons investissements dans les infrastructures et nous partageons cette ambition de faire en sorte que les infrastructures soient lancées. Voilà un bon moyen d'atteindre l'ensemble de la population afin d'aider tout le monde à sortir de la pauvreté", a noté Amber Rudd, ministre britannique de l'Energie et du Changement climatique.
L'initiative "la Ceinture et la Route" ainsi que la BAII sont des idées extraordinaires qui ouvrent en grand le réseau commercial à tous les pays du monde et le Royaume-Uni peut jouer un rôle majeur en matière de financement, de services professionnels et de divers domaines d'expertise, a souligné M. Grimstone.
Alors que le partenariat stratégique global entre la Chine et le Royaume-Uni est entré dans sa deuxième décennie, il y a fort à parier que, dans le cadre de ces initiatives, les deux pays vont ouvrir un nouveau chapitre dans leurs relations bilatérales.