Dernière mise à jour à 08h50 le 19/10
La collaboration de l'Europe dans la gestion de la crise migratoire en Afrique est obligatoire, selon des experts qui participaient, à Dakar, à une conférence sur une approche libérale de la gouvernance des ressources naturelles du continent.
"Il doit être clair que l'Europe a l'obligation morale de mieux travailler avec l'Afrique dans la gestion de la crise migratoire", a soutenu le président de l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ALDE), Guy Verhofstadt.
"Cette collaboration permettra d'améliorer les situations des personnes dans les camps de réfugiés, allant de l'hygiène aux défis de l'éducation pour les enfants", a-t-il expliqué.
"En outre, l'Europe doit plus activement collaborer avec les pays africains pour pacifier les pays d'origine afin de les rendre de nouveau sûrs et de donner l'opportunité aux réfugiés de retourner chez eux", a-t-il suggéré.
"Une Afrique prospère est nécessaire pour surmonter le problème des millions de réfugiés qui fuient les situations terribles", a-t-il estimé.
Aussi, a-t-il affirmé, "le continent africain, avec ses plus de 15 millions de réfugiés, réussit beaucoup mieux à gérer les flux migratoires que l'Europe. Il a assuré que "le droit de demander l'asile et d'en bénéficier est respecté en Afrique et quelques trois millions de réfugiés ont trouvé la sûreté et la protection qu'ils avaient perdues dans leurs pays".
Donnant l'exemple de l'Ethiopie, il a souligné que "ce pays a assisté à l'afflux régulier de près de 190.000 réfugiés depuis le début de l'année et en août 2014, il était le plus grand pays d'accueil en Afrique".
De son côté, le co-président de l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe, le Pacifique, l'Afrique et les Caraïbes (ALDE PAC), Louis Michel, a considéré que "l'Europe doit assurer son devoir d'humanité de recevoir des refugiés qui fuient la guerre et la violence".
"La migration n'est pas un problème mais un phénomène naturel et ce ne sont pas des mesures coercitives et la fermeture des frontières qui vont arrêter les migrants", a-t-il soutenu.
"Il faut aussi assurer l'accueil des migrants économiques, c'est un défi qui peut être gagnant-gagnant pour l'Europe et l'Afrique", a-t-il conclu.
Le premier ministre togolais, Komi Sélom Klassou, a, lui aussi, estimé que "venir en aide aux personnes fuyant la guerre et l'oppression relève de l'obligation de l'Europe et c'est reconnu par le droit international".
"Le drame de la Méditerranée est guidé par la recherche d'une vie plus digne. Toutes les barrières installées n'inverseront pas la tendance. Les migrants africains continueront de passer par les côtes mauritaniennes, libyennes, etc avec l'aide des passeurs", a-t-il prévenu.
"Cette situation cause une perte pour le développement du continent que les transferts d'argent des migrants ne parviennent pas à combler dans les pays d'origine", a-t-il regretté, avant d'estimer que "les responsables politiques ont l'obligation de s'attaquer au mal et de créer les conditions de développement ainsi qu'une meilleure répartition des richesses".
Selon M. Klassou, "il faut réfléchir à une politique qui allie sécurité, lutte contre la pauvreté et bonne gouvernance mondiale".
"La prospérité n'existe pas là où réside la guerre. Il y a l'idéologie extrémiste, les groupes narcoterroristes et le chômage qui prospèrent ; ce sont des terreaux fertiles à toute sorte de déviance", a-t-il relevé.
"Il n'y a pas de développement sans institutions fortes et crédibles et seule une exploitation raisonnable et transparente de nos ressources peut favoriser le développement du continent", a-t-il conclu.