Dernière mise à jour à 08h43 le 07/12
Les nouvelles initiatives lancées par le président chinois Xi Jinping vendredi lors d'un sommet historique visant à renforcer la coopération globale avec l'Afrique injecteront une forte impulsion dans le développement tant en Chine qu'en Afrique, et traceront une voie claire pour un partenariat tous azimuts entre les deux parties.
Les propositions, qui visent à faire avancer la collaboration entre la Chine et les pays africains dans la nouvelle ère, couvrent des domaines allant de l'industrialisation et la modernisation agricole aux services financiers et au développement vert, ainsi qu'au maintien de la paix et de la sécurité.
UN NOUVEL ELAN POUR LE DEVELOPPEMENT COMMUN
Le sommet de deux jours, sur le thème "L'Afrique et la Chine avancent ensemble: coopération gagnant-gagnant pour le développement commun", restera dans l'histoire comme un nouveau point de départ dans la construction d'un partenariat Chine-Afrique beaucoup plus fort.
Lors de la cérémonie d'ouverture du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) tenu à Johannesburg en Afrique du Sud, M. Xi a présenté 10 grands projets afin de promouvoir la coopération avec l'Afrique dans les trois prochaines années et a exhorté les deux parties à renforcer les cinq "piliers" afin d'élever leur partenariat historique gagnant-gagnant à un niveau supérieur.
Couvrant des domaines de coopération tels que l'industrialisation, la construction d'infrastructures, le commerce et les investissements ainsi que la réduction de la pauvreté, ces 10 programmes devraient énormément promouvoir la modernisation de l'Afrique et améliorer le bien-être des personnes vivant sur le continent.
Parallèlement, afin d'assurer la bonne mise en œuvre de ces initiatives, le président Xi a annoncé que la Chine va fournir un soutien financier de 60 milliards de dollars, dont 10 milliards de dollars pour un fonds sino-africain de coopération en capacité de production.
"Les relations sino-africaines ont atteint aujourd'hui un stade de croissance sans égal dans l'histoire", a déclaré M. Xi lors du sommet. "Unissons nos mains [...] et ouvrons une nouvelle ère de coopération gagnant-gagnant et de développement commun Chine-Afrique", a-t-il ajouté.
Les analystes africains ont salué le discours de M. Xi, indiquant que le FCSA, créé il y a 15 ans en tant que mécanisme à long terme pour explorer les moyens de promouvoir la croissance commune et la coopération entre les deux parties, a élaboré une feuille de route pour les futures relations sino-africaines.
"Les stratégies de développement et de coopération de la Chine ont aidé le continent (africain) à créer une transformation économique et sociale assez rapide, visible et significative," a déclaré Gerishon Ikiara, professeur en économie internationale de l'université de Nairobi au Kenya.
Il a ajouté que la série de mesures proposées par M. Xi révèle les nouvelles particularités de la politique étrangère de la Chine concernant l'Afrique et qu'elle va devenir une force motrice vitale pour le renforcement de la coopération pragmatique bilatérale.
Munene Macharia, professeur en relations internationales à l'Université internationale des États-Unis à Nairobi, a déclaré que les documents adoptés à Johannesburg seront bientôt traduits en actions concrètes.
UN ENORME POTENTIEL POUR LA COOPÉRATION
Lorsque le forum a été créé en 2000, le volume commercial entre la Chine et l'Afrique s'élevait à 10 milliards de dollars.
La Chine est aujourd'hui devenue le plus grand partenaire commercial du continent, avec un volume de commerce bilatéral qui devrait atteindre 300 milliards de dollars en 2015, selon le ministère chinois du Commerce.
En outre, les analystes prévoient que les investissements chinois en Afrique vont continuer d'augmenter. Ceci se conforme à la vision du Premier ministre chinois Li Keqiang, qui a promis de stimuler l'investissement de la Chine en Afrique pour atteindre 100 milliards de dollars d'ici 2020.
Il y a vingt ans, la coopération en capacité industrielle entre la Chine et l'Afrique n'apparaissait que rarement dans les discussions internationales, a rappelé M. Ikiara.
Cependant, cette situation a radicalement changé, les pays africains considérant aujourd'hui la Chine comme le partenaire le plus approprié dans leur industrialisation nationale et d'autres programmes de développement, a-t-il ajouté.
"La capacité de fabrication de l'Afrique n'a pas réussi à atteindre un développement important au cours des dernières décennies," mais elle offre désormais d'énormes possibilités de coopération industrielle entre les deux parties ainsi que suffisamment d'espace pour davantage de développement, a déclaré Fay Chung, chercheur africain ayant des ancêtres chinois au Zimbabwe.
Parallèlement, l'engagement de la Chine envers l'Afrique est en train de changer. Après avoir aidé pendant des décennies les pays africains à construire des infrastructures et avoir fourni leur aide, de plus en plus d'entreprises chinoises renforcent leur présence en Afrique dans d'autres domaines plus larges tels que l'agriculture, les transports et la protection de l'environnement.
La coopération mutuelle et multilatérale est entrée dans une nouvelle période, a indiqué M. Chung, suggérant que les deux parties devraient combiner l'expérience du développement et de la capacité de production de la Chine avec les ressources naturelles et humaines de l'Afrique.
Dans le discours de M. Xi, la Chine et l'Afrique sont décrites comme une communauté de destin partageant des expériences historiques semblables et des parcours similaires de lutte pour l'indépendance et le développement. Et surtout, elles partagent aussi leurs accomplissements de développement conjoint.
UN EXEMPLE DE COOPÉRATION SUD-SUD
La coopération Sud-Sud, à savoir la coopération économique et technologique entre les pays en développement du monde, est une grande entreprise qui unit les nations en développement dans leurs efforts pour arriver à l'auto-suffisance et au progrès continu.
La Chine étant le plus grand pays en développement du monde et l'Afrique étant le continent avec le plus grand nombre de pays en développement et sous-développés, leur coopération peut servir d'exemple le plus typique et représentatif de la coopération Sud-Sud.
Lors de la table ronde de haut niveau sur la coopération Sud-Sud co-organisée par la Chine et les Nations Unies en fin septembre, le président Xi a avancé une proposition en quatre points et un ensemble d'initiatives pour aider à renforcer le développement dans les pays en développement.
Le Sud est devenue une force motrice majeure pour la croissance mondiale, et la coopération Sud-Sud est devenue un complément important à la coopération internationale pour le développement, a souligné M. Xi lors de la réunion.
"La coopération Chine-Afrique, en tant que partie importante et principale de la coopération Sud-Sud, s'est avérée être un succès", a indiqué M. Macharia, ajoutant qu'elle a montré au monde la manière dont les deux parties, situées sur deux continents différents et séparées par une longue distance, ont collaboré pour arriver à une croissance et une prospérité communes.
Alors que puissance globale des pays en développement ne cesse d'augmenter, la coopération Chine-Afrique ainsi que la coopération Sud-Sud sont appelées à jouer un rôle plus important pour promouvoir la montée collective des pays en développement et susciter une croissance solide, durable et inclusive de l'économie mondiale.
"La coopération sino-africaine va injecter une nouvelle vigueur dans la reprise économique mondiale en dépit de quelques défis complexes auxquels nous sommes confrontés", a déclaré M. Ikiara.