Dernière mise à jour à 08h31 le 25/01
En unissant davantage les stratégies de développement de la Chine et du Moyen-Orient, c'est un énorme potentiel de coopération qui va être libéré et ceci grâce au président chinois Xi Jinping en tournée dans la région.
La tournée de M. Xi en Arabie saoudite, en Egypte et en Iran a approfondi la stratégie d'ouverture vers l'ouest de la Chine tout comme celle de ses partenaires moyen-orientaux vers l'est. Elle a permis de porter les liens bilatéraux vers de nouveaux sommets et d'injecter plus de vitalité dans leurs interactions.
Au moment où les deux parties harmonisent leurs besoins dans le cadre de l'intégration de leurs programmes de développement, un modèle promouvant la coopération dans des domaines tels que l'énergie, les capacités de production ou encore les nouvelles technologies se dessine.
UNE COOPERATION ENERGETIQUE ALLANT AU DELA DU PETROLE
Représentant environ un tiers de la production mondiale de brut, le Moyen-Orient joue un rôle-clé dans l'approvisionnement international en énergie.
On a assisté ces dernières années à un réajustement vigoureux de l'économie chinoise, tandis que le Moyen-Orient a fait parallèlement des efforts pour se trouver de nouveaux moteurs dans le secteur énergétique.
Cette forte complémentarité économique et commerciale a permis à la deuxième économie mondiale et à la région riche en pétrole et en gaz à forger des liens stables dans le cadre d'une coopération stratégique dans le secteur énergétique.
Lors de sa rencontre mardi avec Abdelatif ben Rachid al-Zayani, secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe (CCG), M. Xi a souligné que son pays était disposé à entretenir ce type de coopération avec les six pays membres du CCG, leur offrant d'être pour eux un marché fiable, à long terme et stable en matière d'énergie.
Renforcer cette coopération dans le domaine de l'énergie va permettre aux deux zones de se développer davantage et de diversifier leurs échanges économiques, analyse Wang Qiong, chercheur associé à l'Institut des études sur l'Afrique et le Moyen-Orient au sein de l'Académie chinoise des sciences sociales.
Les deux parties ont établi jusqu'ici de nombreux cadres multilatéraux, dont la Conférence sino-arabe sur la coopération énergétique et le Dialogue stratégique Chine-CCG.
Ces mécanismes visent à faciliter la coopération, donnant priorité à l'accroissement de l'interconnectivité entre la Chine et le Moyen-Orient et augmentant les efforts visant à bâtir un couloir inter-régional comprenant un développement commun dans le secteur énergétique et un réseau de gazoducs et d'oléoducs.
Les deux parties deviennent de plus en plus connectées dans le secteur de l'énergie, observe Li Shaoxian, directeur de l'Institut de recherche sino-arabe à l'Université de Ningxia.
Comme les prix du pétrole continuent de chuter sur les marchés mondiaux, une chaîne de production et d'approvisionnement a été conjointement créée par la Chine et le Moyen-Orient en vue de tirer la région de son marasme.
Elle permettra à celle-ci d'avoir un plus grand mot à dire sur la scène internationale de l'énergie et d'assurer au Moyen-Orient un environnement stable à long terme afin qu'il construise son propre mécanisme de développement de l'énergie.
En élargissant sa chaîne industrielle énergétique et améliorant ses techniques de traitement et de raffinage, le Moyen-Orient sera en mesure de connaître un développement durable dans ce secteur stratégique, estime M. Wang.
"LA CEINTURE ET LA ROUTE" : UNE INSPIRATION POUR LES CAPACITES DE PRODUCTION
En passant par le continent eurasien, les Routes de la soie terrestre et maritime modernes atteignent le Moyen-Orient. Une région où les trois pays visités par M. Xi -Arabie saoudite, Egypte et Iran- font partie des partenaires de coopération importants de la Chine et qui ont activement participé à l'initiative stratégique proposée par Beijing.
En dépit de divers problèmes économiques et sociaux, ces pays ont élaboré leurs propres plans de développement économique afin d'accélérer leur processus d'industrialisation, ouvrant ainsi une fenêtre de coopération en matière de capacités de production avec la Chine, analyse l'ancien ambassadeur de Chine en Turquie, Yao Kuangyi.
Les pays du Moyen-Orient, selon lui, ont fait preuve d'un grand intérêt devant le modèle de développement de la Chine et son soutien financier et technologique, orientant leur stratégie vers l'Orient.
En Arabie saoudite, la coopération en matière de capacités de production du géant pétrolier avec la première économie en développement du monde a déjà donné des résultats mutuellement bénéfiques.
Les chiffres ont montré que jusqu'à 160 entreprises chinoises ont fait des investissements en Arabie saoudite, couvrant un grand nombre de domaines, y compris les chemins de fer, la construction de logements, les ports, les centrales électriques et les télécommunications.
L'avantage de la Chine en matière de capacités de production pourrait profiter au Moyen-Orient à cet égard, souligne Xue Qingguo, directeur du département de langue arabe à l'Université des langues étrangères de Beijing.
Leur coopération dans ce domaine contribuera de manière significative au développement de l'industrie, à la création d'emplois et à l'amélioration du bien-être de la population au Moyen-Orient, note le professeur.
Avec les efforts conjoints de la Chine et du Moyen-Orient dans le développement des infrastructures de la région, de nouvelles sources de croissance et des créations d'emplois sont attendus, ainsi que des moteurs de croissance domestique relancés et de meilleures capacités de résistance aux risques.
La coopération avec la Chine dans le cadre de l'initiative "la Ceinture et la Route" profitera à tous les pays arabes, a déclaré à la presse Nabil Elaraby, secrétaire général de la Ligue arabe.
"Les pays arabes sont prêts à établir des liens de coopération stratégique avec la Chine," a dit le responsable.
DE NOUVEAUX POINTS MARQUANTS EN PERSPECTIVE
En matière de coopération entre les deux zones, de belles perspectives sont attendues dans le domaine des hautes technologies et des nouvelles technologies.
L'Egypte a ainsi lancé un programme tourné vers les hautes technologies, baptisé "Couloir économique du canal de Suez", peu après l'extension de ce canal célèbre dans le monde.
Ce programme vise à transformer les rives longues de quelque 190km en une zone économique globale jalonnée d'une série de zones industrielles et servant ainsi de tête de pont pour relier à la fois l'Asie et l'Afrique, ainsi que l'initiative chinoise "la Ceinture et la Route".
La Chine va devenir sans aucun doute l'un des partenaires les plus importants de l'Egypte dans ce couloir économique, estime Fakhry al-Fiky, un analyste économique égyptien et ancien assistant du directeur exécutif du Fonds monétaire international.
Il dit s'attendre à ce que la combinaison des ressources financières des pays du Golfe et des atouts technologiques de la Chine permette de renforcer la coopération de l'Egypte tant avec la Chine qu'avec ses propres voisins.
Au croisement des initiatives chinoises et égyptiennes se tient la Zone de coopération économique et commerciale sino-égyptienne de Suez, d'une superficie de 1,34km2. Depuis sa mise en chantier en 2008, le projet financé par la Chine a rassemblé des joint-ventures de pointe, spécialisées entre autres dans les nouveaux matériaux et la manufacture haut de gamme.
Avec la construction en cours d'une extension de 6km2, cette zone abritera davantage de grands groupes industriels, tels que China Glass et Yingli Solar, devenant un exemple de la coopération mutuellement bénéfique entre la Chine et l'Egypte.
Les technologies avancées et l'expertise en matière de gestion de la Chine devraient fortement contribuer à promouvoir le développement économique de l'Egypte, note Mohammed Hassan, un superviseur égyptien du projet d'extension.
En ce qui concerne l'Iran, près d'une décennie de sanctions occidentales visant son programme nucléaire a coûté cher à la République islamique. Mais son système industriel, qui demeure le plus avancé au Moyen-Orient, pourrait servir de base solide à une coopération avec d'autres pays.
La levée des sanctions pourrait grandement stimuler l'économie de l'Iran, reconnaît He Wenping, chercheuse à l'Académie chinoise des sciences sociales.
Pour rappel, la visite de M. Xi intervient peu après la mise en œuvre de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien pour lequel la Chine a fait figure de médiateur-clé.
Optimistes quant à la coopération Beijing-Téhéran dans cet ère post-sanctions, les analystes citent plusieurs domaines de coopération potentiels, tels que les chemins de fer à grande vitesse, l'aéronautique, les télécommunications, la production d'électricité, ainsi que les zones industrielles et les parcs technologiques.
Les entreprises chinoises doivent saisir ces opportunités en accélérant la coopération avec leurs homologues iraniennes dans des projets majeurs, y compris la ligne à grande vitesse Téhéran-Ispahan et la Zone industrielle sino-iranienne, analyse M. Yao.