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La Serbie en pointe de la coopération Chine-PECO sur "la Ceinture et la Route"

Xinhua | 18.06.2016 10h09

Il faut normalement six heures pour se rendre de Belgrade à Budapest en train. Mais ça appartiendra bientôt au passé : lorsque la construction de la ligne ferroviaire entre la Hongrie et la Serbie s'achèvera fin 2017 comme prévu, le voyage sera de moins de trois heures.

La ligne, longue de 350km, dont 184km en territoire serbie, est conçue pour les trains de passagers et de fret dont la vitesse maximale pourra atteindre 200km/h.

Bien qu'il se situe à des milliers de kilomètres de la Chine, ce chemin de fer, construit par un consortium d'entreprises chinoises, serbes et hongroises, représente un projet phare de la coopération entre la deuxième plus grande économie du monde et les pays d'Europe centrale et orientale (PECO).

Lors d'une cérémonie organisée fin 2015 à Novi Sad, la deuxième ville de Serbie, le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic a déclaré que cette nouvelle ligne allait rapprocher de manière significative la Serbie des zones centrales de l'Europe et aider son pays à devenir un centre régional de transport et de logistique.

UN PARTENARIAT SOLIDE

Ce projet ferroviaire est un exemple typique du renforcement de la coopération entre la Chine et la Serbie. En tant que premier pays d'Europe centrale et orientale à établir un partenariat stratégique avec la Chine en août 2009, cet Etat des Balkans a depuis lors assisté à la mise en oeuvre sur son sol d'un nombre croissant de projets d'infrastructure liés à la Chine.

"La Chine et la Serbie s'accordent mutuellement un soutien ferme sur les questions touchant à leurs intérêts fondamentaux, ce qui représente l'essence d'une relation stratégique", souligne Li Manchang, ambassadeur de Chine en Serbie, dans un entretien à Xinhua.

Les principales réalisations de la coopération bilatérale ces dernières années comprennent le pont de Pupin au-dessus du Danube à Belgrade, premier grand investissement chinois dans les infrastructures sur le continent européen et qui a considérablement amélioré les conditions de circulation en ville depuis son inauguration en 2014, ou encore la centrale de Kostolac, le premier projet d'énergie électrique de la Chine en Europe.

Les deux pays ont élargi leur coopération dans des domaines aussi variés que l'énergie, le fer et l'acier, les télécommunications et la finance. Ce modèle de la coopération sino-serbe a également connu un changement, passant des prêts classiques à des investissements ou des joint-ventures.

"La coopération de ce type met l'accent sur l'amélioration du niveau de vie des habitants locaux. Ils peuvent donc voir les avantages réels qu'apportent des relations bilatérales plus étroites", dit M.Li.

En 2015, la Chine et la Serbie ont signé un protocole d'accord, promettant de faire avancer conjointement l'initiative "la Ceinture et la Route".

"Cela montre le grand soutien de la Serbie à cette initiative proposée par la Chine. Les deux pays ont établi un excellent exemple de coopération mutuellement bénéfique entre la Chine et les pays d'Europe centrale et orientale", souligne l'ambassadeur chinois.

UNE INITIATIVE QUI PROFITE A TOUS

Depuis la crise financière de 2008, les PECO ont connu un développement continu de leurs relations de coopération avec la Chine, atteignant en 2012 un niveau sans précédent avec la création du format dit "16+1", une plateforme de coopération entre la Chine et les PECO dont la première réunion s'est tenue cette année-là à Varsovie en Pologne.

Au cours des cinq dernières années, les deux parties ont commencé à récolter les fruits de cette coopération. En 2015, elles ont enregistré un volume d'échanges commerciaux de 56,2 milliards de dollars en dépit d'une conjoncture morose. Les sociétés chinoises ont investi environ 5 milliards de dollars dans les PECO, qui ont eux-même investi 1,2 milliard de dollars en Chine.

Recevant les dirigeants du groupe 16+1 en novembre dernier à Beijing, le président chinois Xi Jinping a dit que son pays saluait la participation des PECO à l'initiative "la Ceinture et la Route".

Outre le fait que la Chine ait signé des accords de coopération avec la Pologne, la Serbie, la Tchéquie, la Bulgarie et la Slovaquie, d'autres mesures ont été prises en vue d'assurer une synergie entre le plan de développement de la Chine avec ces cinq pays.

L'initiative "la Ceinture et la Route", proposée par M. Xi en 2013, vise à bâtir un réseau d'infrastructures et d'échanges commerciaux reliant l'Asie à l'Europe et l'Afrique le long des anciennes routes commerciales. A ce titre, les PECO joueraient un rôle essentiel puisqu'un quart d'entre eux se trouvent le long de ces routes.

Ces trois dernières années, cette initiative a connu un bon début avec la promotion de la construction de réseaux interconnectés, la création de plateformes financières telles que la Banque asiatique d'investissements dans les infrastructures (BAII), l'accroissement des investissements et du commerce dans les pays concernés, l'intensification des échanges culturels et l'approfondissement de la compréhension mutuelle.

D'après le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi, plus de 70 pays et organisations internationales ont apporté leur soutien à cette initiative, dont 34 ont déjà signé des accords inter-gouvernementaux pour en être les partenaires.

DOPER L'INTEGRATION EUROPEENNE

"Aligner le groupe 16+1 avec l'initiative la Ceinture et la Route va apporter des opportunités de coopération nouvelles à la Chine et aux PECO en matière de capacités de production, de transport, d'infrastructures et de finances", estime Cui Hongjian, spécialiste des relations sino-européennes à l'Institut chinois des études internationales.

La Chine rejette cependant toute comparaison entre cette initiative et le Plan Marshall, lancé par les Etats-Unis après la Seconde Guerre mondiale pour remettre l'Europe sur pied dans un contexte de Guerre froide.

"L'initiative la Ceinture et la Route est opposée à toute idée de domination dans les affaires de la région ou de sphère d'influence", assure Liu Jianchao, ancien ministre assistant chinois des Affaires étrangères. "Elle ne s'immisce pas dans les affaires intérieures de ces pays et elle est conforme au mécanismes régionaux existants et aux propositions de coopération".

Cette initiative chinoise encourage les pays concernés à s'unir volontairement, à respecter les règles du commerce et des marchés et à aller de l'avant sur un pied d'égalité et qui bénéficiera à tous, résume-t-il.

Participer à l'initiative la Ceinture et la Route sera un facteur positif pour l'intégration des PECO à l'Union européenne, confie à Xinhua Wang Yiwei, directeur du Centre de recherche sur l'Union européenne à l'Université Renmin à Beijing.

L'Agenda de coopération stratégique 2020 Chine-UE, adopté en 2013, a validé la création du 16+1 et clarifié son rôle, rappelle M. Wang en observant que 11 des PECO appartiennent à l'UE et que les cinq autres aspirent à la rejoindre.

"Certains pays européens ont soupçonné un temps que la création du groupe 16+1 faisait partie d'une stratégie 'diviser pour mieux régner' de la Chine. Ils se rendent compte aujourd'hui que ce groupe est en réalité une plateforme plutôt utile en faveur de l'intégration européenne", a indiqué M. Wang.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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