Dernière mise à jour à 14h11 le 22/08
La décision du nouveau gouvernement britannique de reporter le début de la construction de la centrale nucléaire de Hinkley Point C pour des raisons de "sécurité nationale" soulève non seulement des doutes au sein de la communauté internationale quant à l'ouverture du pays aux investissements étrangers, mais fait aussi planer de nouvelles incertitudes sur l'"âge d'or" des relations entre la Chine et le Royaume-Uni.
Donner le feu vert à un projet de 24 milliards de dollars n'est jamais une décision facile, et la Chine comprend et respecte tout à fait que le gouvernement britannique ait besoin de plus de temps pour réfléchir. Mais ce que la Chine ne comprend pas sont les soupçons injustifiés du Royaume-Uni à l'égard des investissements chinois qui ont motivé le report du début du chantier.
Le programme de Hinkley Point C offrira des milliers d'emplois à la population locale et palliera le manque laissé par la fermeture de toutes les centrales de charbon du Royaume-Uni d'ici 2025 en fournissant 7% de l'électricité du pays. Ces perspectives radieuses montrent que ce programme est gagnant-gagnant et que les craintes dignes d'une œuvre de science-fiction selon lesquelles la Chine envisagerait de placer ses pions dans le pays pour prendre le contrôle d'infrastructures critiques pendant la construction des réacteurs de la centrale sont infondées.
Ces craintes injustifiées sont particulièrement nocives pour le Royaume-Uni pour au moins deux raisons.
Premièrement, l'ouverture est cruciale pour un pays qui cherche à sortir de la crise provoquée par sa décision de quitter l'Union européenne (UE). En tant qu'inventeur de la théorie du libre-échange et de partisan convaincu de la libéralisation du marché, le Royaume-Uni est connu depuis longtemps pour sa capacité extraordinaire à attirer les investissements étrangers grâce à son ouverture.
Les soupçons portés contre les investissements chinois qui ont conduit au report du programme laissent penser que le Royaume-Uni va s'enfermer derrière un mur de protectionnisme qui entacherait à coup sûr sa crédibilité en tant qu'économie ouverte et dissuaderait à l'avenir les investisseurs éventuels de Chine et d'ailleurs d'investir dans le pays.
Deuxièmement, en suspendant un programme phare qui devait annoncer l'âge d'or des relations sino-britanniques pour cause de soupçons à l'égard des investissements chinois, le nouveau gouvernement britannique court le risque d'entamer sa confiance avec la Chine, comme l'ont fait remarquer certains médias britanniques.
Les relations sino-britanniques ont longtemps été considérées comme un modèle de relations entre pays développé et en développement. Sur la base de la confiance mutuelle, de la compréhension réciproque et de la coopération gagnant-gagnant, les relations bilatérales ont culminé avec la visite fructueuse l'année dernière du président chinois Xi Jinping au Royaume-Uni ainsi que la participation du Royaume-Uni à la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (BAII), une initiative proposée par la Chine.
La Chine peut attendre d'un gouvernement britannique rationnel des décisions responsables, mais ne peut tolérer aucune accusation indésirable contre sa volonté sincère et inoffensive de coopération gagnant-gagnant.
L'élan insufflé à grand-peine aux relations sino-britanniques ne doit pas être perdu, et l'âge d'or des relations entre les deux pays ne peut pas être retardé.